Lors de sa conférence de presse du 20 septembre, Navin Ramgoolam a annoncé qu’il y aura des « conséquences » à l’arrestation le vendredi 12 septembre du journaliste de Scoop.mu Narain Jasodanand et la saisie de ses téléphones portables et de son laptop. Il répondait à une question du journaliste Tariq Hussein de Channel News.

Le Premier ministre (PM) a souligné que la démarche de la Cybercrime Unit du CCID n’avait pas obtenu l’aval du DPM Paul Bérenger qui n’en était même pas au courant. Cela, on le savait car ce dernier avait fait une déclaration à la MBC en ce sens le vendredi 12, suivi par celle de l’Attorney General Gavin Glover.

Puisque cette descente de la police au domicile de notre journaliste Narain Jasodanand suivait une déposition de Tevin Sithanen, et que l’on sait que Paul Bérenger ne tenait pas les Sithanen en odeur de sainteté, personne ne doute des paroles du DPM.

Je ne sais rien ou je ne dirai rien ?

Cependant, Ramgoolam a ajouté que le commissaire de police (CP) Rampersad Sooroojbally n’en avait pas été informé non plus. Pour rappel, celui-ci n’avait pas nié publiquement en être au courant se contentant d’une déclaration laconique à l’effet que « ine fer sa ki ti bisin fer. » Que voulait-il dire par cette phrase ambiguë ? Qu’il fallait faire cette descente ? Ou que des mesures ont été prises pour que cela ne se reproduise plus ? On ne le sait. Bref, ce fut une réponse à la Coothen !

Justement, on ne sait pourquoi celui-ci a été muté. Est-ce parce qu’il avait dit ignorer qui avait déposé plainte contre notre journaliste ? Difficile à croire quand on sait que Siva Coothen a toujours donné des demi-réponses ou n’en donne aucune. Il ne savait presque jamais rien et le comble : il ne savait pas pourquoi il a été muté ! On est donc en droit de se demander si Siva Coothen n’a pas été sanctionné pour quelque chose de plus grave dans cette affaire …

Le remplaçant insoumis

Navin Ramgoolam a précisé le 20 septembre que celui qui remplaçait le patron du CCID- qui est en mission à l’étranger- et qui avait pris la décision d’arrêter Jasodanand avait fait fi des appels lancés par deux hauts-gradés des Casernes de ne pas aller de l’avant avec cette arrestation.

Qui sont ces deux pauvres hauts-gradés qui ne sont pas obéis ? On imagine la scène quand ils sont venus se plaindre auprès du PM ou du CP : « Noune dire li pa fer sa, li pane ecoute nu ! » Et ces deux hauts-gradés non identifiés ont-ils informé le CP de cette descente et surtout de la non-obéissance du remplaçant ? S’ils ne l’ont pas fait, on peut dire qu’aux Casernes c’est la cour du Roi Pétaud !

A T and T

Ce Surintendant, un certain A T, qui n’en fait qu’à sa tête, a-t-il agi juste en prenant connaissance de la déposition de Tevin Sithanen ? Si oui, fait-il toujours montre d’autant de zèle lorsqu’il y a signalement pour ‘breach of ICTA’ ou diffamation ? Chez Scoop.mu, on a connaissance de nombreuses plaintes autrement plus graves venant parfois de femmes victimes de harcèlement mais qui ne sont pas suivies d’actions même non-musclées.

Si l’on en croit Ramgoolam, ce SP, émule de l’autre SP Jagai, n’écoute personne. Mais a-t-il obéi à Tevin Sithanen ou au Gouverneur de la banque centrale ? Si le rapport exigé par Paul Bérenger a vraiment été rédigé, peut-être saura-t-on qui a demandé à A T « de donner une leçon à ce journaliste », « de lui faire peur », « de rechercher ses sources d’information » ou « de le punir. »

Si jamais la requête venait de Rama Sithanen, imaginez l’effet à l’international d’une telle information : « Le gouverneur de la Banque de Maurice demande à des policiers véreux de corriger un journaliste qui enquêtait sur lui et sur son fils qui s’ingérait dans les affaires de la banque ! »

Le besoin de vérité exige que ces considérations pour la réputation de Sithanen et de la BOM soit mise au second plan. Car il y va de la liberté non seulement des journalistes en général mais de tous les citoyens surtout après le jugement Axcel Chenney qui vient de tomber opportunément. Il s’agit surtout de savoir si certains policiers offrent leurs services comme des mercenaires.

Navin Ramgoolam a soigneusement évité de parler de rapport et d’enquête. Mais il a assuré que des actions seront prises. Comme quoi ? Une mutation ?

 

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