Ou quand l’Information Devient une Arme
Le matin du 29 août 2025 restera dans les annales comme un parfait exemple de manipulation médiatique orchestrée. L’article publié dans un quotidien n’était pas un simple scoop journalistique, mais une bombe à retardement soigneusement calibrée pour exploser au moment précis pour faire le plus de dégâts.
Le timing ne doit rien au hasard : révéler la révolte du Conseil d’Administration contre Gérard Sanspeur sans que celui-ci n’ait eu l’opportunité de présenter sa défense était un coup de com’ stratégique. Cette fuite calculée a mis le couteau sous la gorge du Premier ministre, l’acculant à une décision qu’il n’aurait peut-être jamais prise dans d’autres circonstances.
Navin Ramgoolam s’est retrouvé face à un chantage médiatique en règle. L’article de presse exposait publiquement une crise institutionnelle majeure, forçant le chef du gouvernement à trancher : « Soit vous sacrifiez Sanspeur, soit nous continuons à alimenter ce feuilleton qui gangrène votre crédibilité. »
La Démission de Sithanen : Plus qu’une Chute, un Effondrement
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La démission forcée de Rama Sithanen quelques semaines plus tard confirme que toute la stratégie était viciée dès le départ. Cette chute en cascade révèle un système de gouvernance parallèle qui a fini par s’autodétruire.
Sithanen ne part pas en héros, mais en architecte d’un fiasco institutionnel qui aura durablement entaché la réputation de la Banque centrale. Sa démission ne marque pas seulement la fin d’un mandat, mais l’aveu d’un échec cuisant : celui d’avoir transformé une institution technique en terrain de règlements de comptes personnels et politiques.
1. Les avocats complaisants
L’enquête avec 11 chefs d’accusation contre Gérard Sanspeur était un procès stalinien déguisé en procédure administrative. Orchestrée avec l’aide d’avocats complaisants, elle visait un seul objectif : neutraliser un homme qui refusait de se plier aux petits arrangements et aux petits chefs.
Le fait que l’ancien régime de Pravind Jugnauth n’ait jamais osé retenir la moindre accusation pénale contre Sanspeur, malgré ses critiques acerbes, en dit long sur la vacuité de ce dossier. Avec la démission de Sithanen, cette mascarade “judiciaire” perd son principal marionnettiste. Elle mourra d’elle-même, emportant avec elle la crédibilité de tous ceux qui l’ont cautionnée.
2. Un Conseil d’Administration désavoué
Le Conseil d’Administration de la Banque de Maurice a signé son arrêt de mort moral en cautionnant cette machination. En refusant d’entendre Sanspeur et en se comportant comme une simple chambre d’enregistrement, il a trahi sa mission fondamentale.
Ses membres ne sont plus des administrateurs indépendants mais des complices d’un système corrompu. Leur position est désormais intenable, et leur crédibilité irrémédiablement compromise.
Le plus pathétique dans cette affaire ? Ces mêmes administrateurs qui réclamaient des “sanctions” contre Sanspeur se retrouvent aujourd’hui en mauvaise posture après la débâcle de leur mentor.
3. Le Dauphin en Perdition
Avec la chute de son protecteur, Rajeev Hasnah se retrouve nu face à l’orage. Cet homme, qui incarnait la continuité du système Sithanen, devient soudain le symbole d’une époque révolue.
Mais Hasnah ne fait pas qu’hériter des casseroles de son mentor. Il traîne ses propres boulets, notamment le scandale de la suspension unilatérale d’un projet informatique de 500 millions de roupies. Cette décision opaque, prise sans consultation ni transparence, révèle un homme aussi peu fiable que celui qu’il était censé remplacer.
L’opinion publique ne peut accepter qu’un personnage aussi compromis occupe un poste aussi stratégique. Sa nomination serait un crachat au visage de tous ceux qui réclament l’assainissement des institutions.
4. La Fin du Règne de la … Propagande
Sous Sithanen, la Banque de Maurice était devenue une officine de propagande, multipliant les communiqués partisans et les attaques médiatiques. Cette transformation d’une institution technique en machine de guerre politique restera comme l’une des plus grandes dérives de cette décennie.
Cette ère de la polémique institutionnalisée prend enfin fin. La Banque peut retrouver sa vocation première : garantir la stabilité monétaire, pas alimenter les querelles de palais.
5. Le Personnel Libéré du Joug de la Peur
Gérard Sanspeur jouissait d’un respect quasi unanime parmi les employés de la Banque. Son intégrité, sa vision modernisatrice et son refus des compromissions en faisaient un leader naturel face à un Gouverneur de plus en plus isolé.
Avec le départ de Sithanen, le personnel peut enfin respirer librement et travailler sans la peur constante des représailles. Fini le temps où exprimer une opinion divergente équivalait à signer son arrêt de mort professionnel.
6. Sanspeur : De Accusé à Accusateur
L’ironie de cette affaire, c’est que Sanspeur, mis en accusation sans accès aux documents internes, se retrouve aujourd’hui dans une position de force. Il a désormais accès complet à tous les dossiers, toutes les délibérations, tous les échanges internes qui étaient utilisés contre lui.
La situation s’inverse complètement : celui qui était accusé peut maintenant porter l’estocade finale à un système qui l’avait injustement persécuté. L’État de droit, piétiné pendant des mois, reprend enfin ses droits.
Victoire à la Pyrrhus
Cette affaire restera dans les manuels de gouvernance comme un cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire. Elle illustre parfaitement comment la manipulation médiatique, la corruption institutionnalisée et l’abus de pouvoir finissent toujours par se retourner contre leurs auteurs.
Le Premier ministre, piégé par Rama Sithanen, a été contraint de sacrifier Sanspeur pour sauver les apparences. Mais cette victoire à la Pyrrhus n’aura duré que quelques semaines avant que tout l’édifice ne s’effondre.
Aujourd’hui, ceux qui orchestraient cette mascarade se retrouvent sur le banc des accusés. La roue tourne, et la justice – même tardive – finit toujours par triompher.
Mais gardons-nous de tout triomphalisme. Cette affaire révèle des failles systémiques dans notre gouvernance qui ne disparaîtront pas avec quelques démissions. Le pays a besoin d’une refonte complète de ses mécanismes de contrôle et de transparence, car Il ne suffit pas de changer les hommes, il faut aussi changer le système qui les corrompt.
Le temps de l’assainissement est venu. Ne le gâchons pas.
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