Il n’est pas facile de retrouver tout le patrimoine financier et autres immobiliers de Maminiaina Ravatomanga, plus connu comme Mamy, à Maurice. Il est toutefois plus aisé d’identifier les comptes bancaires que la FCC a pu relier directement à Mamy. Plus de Rs 5 milliards en devises étrangères ont pu l’être, selon nos calculs provenant de différentes sources fiables.

Cependant, s’empresse-t-on de souligner, il y aurait beaucoup, beaucoup plus, que ce soit en dépôts ou en actions ou en patrimoine immobilier. La question que se posent beaucoup de Malgaches : comment tout cet argent a-t-il pu atterrir dans des comptes bancaires à Maurice sans que ces banques ne posent de questions ? Les Management Companies (MC) impliquées auront aussi à s’expliquer.  En fait, ils sont plusieurs à pointer du doigt les MCs en oubliant le devoir des banques commerciales. Peut-être parce que les banques sont trop puissantes ?

Les riches et les pauvres

Les estimations que l’on nous donne, en plus de ces Rs 5 milliards, donnent le tournis. On se demande comment un seul homme a pu amasser une si grosse fortune dans un des pays les plus pauvres de la planète – le Madagascar. « Le fait que Ravatomanga bénéficiait de plusieurs monopoles explique en partie sa richesse. » Il faut savoir que l’homme d’affaires est actif au Madagascar dans le BTP, l’hôtellerie, le tourisme, la santé, l’import-export et même la presse.

Si l’on pourrait blâmer nos banques et nos MCs, il ne faut pas oublier que les autorités malgaches ont leur part de responsabilité. Même s’il existe un contrôle de changes qui limite la sortie de devises du pays, les voyageurs ou businessmen le violent allègrement. Un employé d’un bureau de change à l’aéroport nous raconte comment un homme d’affaires malgache atterrissait à Plaisance avec de grosses liasses de dollars, d’euros (ou auparavant de francs français) qu’il vendait contre des roupies qu’il utilisait à Maurice on ne sait trop comment. Les banques mauriciennes en sont contentes, bien sûr, mais ces pratiques drainaient et drainent toujours Madagascar de précieuses devises.

Douaniers contrebandiers

Ces riches malgaches pouvaient donc quitter la Grande Ile Rouge en corrompant les douaniers malgaches. Ils le font aussi pour de plus grosses sommes en effectuant des virements bancaires à l’étranger, sans que la banque centrale malgache ne fronce les sourcils. De plus, les devises reçues contre les exportations sont habilement versées dans des comptes à l’étranger bien que la loi oblige l’exportateur à vendre au moins 70% des recettes en devises aux banques ou aux bureaux de change malgaches. Il est possible que d’autres pays comme les Emirats Arabes Unis recèlent aussi les richesses de Mamy.

Rien que ses Rs 5 milliards, appartenant à un seul homme, conservées dans nos banques en dollars ou euros met en lumière la fragilité de nos réserves en devises étrangères. Réserves dont se vantent régulièrement ministres et journalistes malgré le manque de devises sur le marché. La vérité est que la majeure partie de ces réserves est constituée de dollars, d’euros qui ne nous appartiennent pas. Nous y reviendrons.

 

Diner de cons…pirateurs

Par ailleurs, le diner de gala dont a parlé Paul Bérenger aurait eu lieu le samedi 11 octobre, soit à quelques heures de l’atterrissage du Cessna avec à son bord Mamy Ravatomanga, entre autres. C’est ce que l’on peut comprendre après la conférence de presse de Roshi Bhadain hier 18 octobre. C’est pendant ce diner que des appels et des messages ont été reçus et d’autres appels faits et messages transmis pour permettre l’atterrissage du jet privé. Certaines d’entre ces convives, nous dit une source, étaient sous forte influence éthylique et ne paraissaient pas en mesure de prendre des décisions informées.

Toujours est-il qu’à cette heure, Paul Bérenger n’assurait pas encore l’intérim comme Premier ministre. Il semble aussi que Navin Ramgoolam était indisponible car il allait prendre l’avion. Cependant, même si Paul Bérenger n’agissait pas comme PM, il était le DPM ! Pourquoi ne l’a-t-on pas contacté ? Qui a autorisé l’atterrissage et surtout le débarquement ? On le saura bientôt, on l’espère.

 

 

 

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