Ils sont plusieurs à se demander si le gel des avoirs du richissime homme d’affaires malgache en fuite, Maminiaina ‘Mamy’ Ravatomango, ne sera pas levé bientôt et tout s’arrêtera là. « Sera-t-il arrêté un jour et même convoqué par la Financial Crimes Commission (FCC) ? Il parait que c’est à Mamy d’en décider » disent les internautes malgaches.

Il est bon ici de se rappeler l’affaire Isabel dos Santos, la fille de l’ex-président angolais José Eduardo Dos Santos. Elle était accusée en 2017 par le nouveau gouvernement angolais de João Lourenço d’avoir détourné l’argent de l’Etat. Les Luanda Leaks en faisaient aussi état. On n’aura une idée de la somme détournée qu’en novembre 2024 lorsque le gouvernement britannique gèlera ses avoirs au Royaume-Uni en l’accusant d’avoir bénéficié d’environ 350 millions de livres sterling soit Rs 21 milliards via l’opérateur de télécommunication Unitel et l’entreprise d’exploitation pétrolière Sonangol.

Le mariage du siècle

Mais Isabel a obtenu des sommes toutes aussi astronomiques d’autres sources, grâce notamment à … Alvaro Sobrinho (voir plus bas). Rien que son mariage avait coûté $ 4 m (Rs 180 m). Elle et son frère avaient utilisé notre secteur offshore, plus précisément la société Quantum Global, pour détourner des millions si ce n’est des milliards.

En avril 2018, un émissaire du nouveau gouvernement angolais s’est rendu à Maurice pour demander que des sanctions soient prises contre Quantum Global. La FSC suspendra la licence de sept Management Companies liées à Quantum Global et obtiendra en avril 2018 le gel de – tenez-vous bien- 91 comptes bancaires à Maurice renfermant Rs 17 milliards. Le gel sera discrètement levé par la suite, le 11 mars 2019, après que les médias auront oublié cette affaire.

Quant à la femme qui valait (toujours) en 2022 Rs 100 milliards, elle vit paisiblement en exil à Dubaï, bien qu’elle fasse toujours l’objet d’un mandat d’arrêt international d’Interpol.

Le Prateek Gupta angolais

Et que dire de l’autre Angolais, Alvaro Sobrinho ? Le site d’information Mediapart révélait en mars 2018 qu’il avait détourné plus de USD 615 millions (Rs 28,8 milliards) de Banco Espirito Santo d’Angola. En septembre 2022, il était accusé, entre autres indélicatesses comme le faux projet de logement pour les pauvres d’Angola, d’avoir fait perdre $ 5,7 milliards soit Rs 268 milliards à cette même banque ! La majeure partie de ces prêts non remboursés avait été accordée à ses proches mais surtout à la famille dos Santos y compris « la femme des ‘bonnes’ affaires », Isabel.

A Maurice, Sobrinho était soupçonné d’avoir corrompu des hauts-dignitaires de l’époque en leur distribuant des Jaguars, des Range Rovers et des appartements de luxe dont aurait bénéficié le fils d’un ex-ministre. Le banquier et ‘philanthrope’ angolais avait obtenu une licence d’Investment Bank de la FSC après que la Banque de Maurice lui avait refusé une licence bancaire et que les lois furent modifiées pour autoriser la FSC d’octroyer cette licence.

T’as d’beaux yeux, tu sais

On se rappelle comment Ivan Collendavelloo avait jugé que Sobrinho était honnête homme, juste en le regardant dans les yeux. L’enfant terrible d’Angola quittera Maurice libre après que l’interdiction de quitter le territoire sera levée de même que les accusations de l’ICAC.

La forte impression faite sur la population mauricienne et la presse portugaise par «la détermination [de l’ICAC qui a] eu le courage d’inculper Sobrinho alors que les autres pays avaient échoué » n’aura duré que quelques semaines. Comme disait Collendavelloo : « fodé pa nou fer ditor a zimaz nou pei e fer bann investiser peur… »

C’est ce que l’on commence à entendre ces derniers jours sur l’affaire Mamy Ravatomanga. Surtout concernant les investissements dans l’immobilier et les dépôts bancaires, que leur source soit illicite ou pas. Les Malgaches et Angolais, eux, continueront à s’appauvrir et à enrichir les élites de leur pays et de Maurice.

 

Virus-free.www.avast.com