Même si le Deputy Prime Minister (DPM) avait choisi cinq thèmes pour sa conférence de presse du 30 août, c’est celui concernant la Banque de Maurice (BOM) qui a le plus été développé. Surtout le départ de Gérard Sanspeur. Et le maintien de Rama Sithanen au poste. Paul Bérenger a fait savoir, subtilement d’abord puis clairement, qu’il n’est pas d’accord avec le départ de Sanspeur. Pour lui en tout cas, ce dernier ne représentait qu’une partie mineure du problème de la banque centrale. Il ajoutera même « qu’il ne faut pas que Sanspeur soit le bouc-émissaire dans cette affaire. »
Lorsque les journalistes lui ont demandé pourquoi ce fut Gérard Sanspeur qui a été prié de partir alors que les accusations que ce dernier a portées contre Sithanen sont autrement plus graves et crédibles que celles proférées par le gouverneur de la BOM contre Sanspeur, Paul Bérenger dira et le répétera : « attendons. Ce n’est pas fini… Il y aura d’autres discussions lundi entre moi et le PM. »
Lors de ces discussions, Paul Bérenger insistera-t-il pour que Sithanen soit débarqué ? Pour lui, les dossiers MIC et Silver Bank demeurent prioritaires, avec des risques de grosses pertes financières, « deux énormes scandales qu’il faut régler. » Tout en soulignant être toujours insatisfait de la façon dont Rama Sithanen a géré ces dossiers car, dira-t-il un peu plus tard en parlant d’Air Mauritius, « il ne faut pas faire comme on a fait à la BOM : fout Sanspeur dehors et tout problème pou régler ! »
Il est clair donc que le DPM, tout comme la majorité des Mauriciens, ait cru Gérard Sanspeur lorsque celui-ci a déclaré que Rama Sithanen bloquait toute enquête sur la MIC et la Silver Bank. Et non Sithanen qui accusait Sanspeur de n’avoir rien fait. D’ailleurs, c’est Rajeev Hasnah, le fidèle First Deputy Governor de Sithanen, qui siège sur le board de la MIC.
Hasnah défend Sithanen
Et c’est le même Hasnah qui défendra maladroitement son gouverneur et le bilan de la MIC le 29 août. Les éléments de langage utilisés pour faire croire que la gestion du dossier MIC a été un vif succès n’ont pas convaincu ceux qui suivent ce dossier de près, y compris Paul Bérenger. Sauf Rama Sithanen qui n’a pas arrêté de branler du chef après chaque argument de son second. Nous y reviendrons.
Il est possible aussi que Ramgoolam soit d’accord avec Bérenger pour que Sithanen quitte le navire BOM mais que celui-ci tienne toujours à son poste. La semaine qui arrive sera décisive pour la BOM. Pour rappel, Gérard Sanspeur a promis lui-aussi d’autres développements pour très bientôt bien que le « bouc-émissaire » ait déjà payé ! Le président du syndicat Chidanand Rughoobar aussi.
Laisser l’ex-SDG et le syndicaliste dans la nature et Sithanen à la BOM n’augure rien de bon pour ce dernier. Et pour le gouvernement. On se souvient que Sanspeur a affirmé le 29 août détenir toutes les preuves de ce qu’il a avancé. Et si, de plus, d’autres maldonnes sont révélées, c’est tout le gouvernement qui en pâtira. Ramgoolam prendra-t-il le risque en continuant à protéger Rama Sithanen ? Si oui, pourquoi ? On pourra compter sur Sanspeur pour le savoir.
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