Lors de la conférence de presse du 29 août, Rajeev Hasnah, le First Deputy Governor (FDG) de la Banque de Maurice (BOM) a donné quelques chiffres et pourcentages pour tenter de démontrer que le dossier MIC est entre de bonnes mains. Et aussi, sans doute, pour faire savoir à Gérard Sanspeur qu’il n’est pas nécessaire qu’un audit judiciaire (Forensic Audit) soit commandé.

 

En fait, Sanspeur réclamait un audit externe surtout pour situer les responsabilités sous le MSM des investissements de la MIC au sein d’entités privées. A noter que Rajeev Hasnah n’a pas donné les chiffres relatifs au retour sur ces investissements. Il s’est contenté de parler des capitaux investis.

 

Ainsi, dit Hasnah, sur les Rs 59 milliards investies par la MIC, Rs 25 milliards soit 45% (en fait 42%) ont été déboursées au seul Airport Holdings Ltd, destinées, précise-t-il, à MK. Qui sera probablement cédée à Qatar Airways avec les Rs 25 milliards ? 

Il reste selon nos calculs Rs 22 milliards (81 -59). Or, pour Hasnah, ce sont Rs 28 milliards qui seront retournées à la BOM. Même si l’on rajoute les Rs 3,1 milliards déjà récupérées d’après Hasnah, on arrive à un total de Rs 25,1, pas Rs 28 milliards. Et si l’on retire les déboursements de Rs 200 m selon Hasnah en faveur de fonds étrangers (dont on ignore l’identité), le montant qui reste baisse encore, à Rs 24,9 milliards. Hasnah souligne que la MIC déboursera d’autres montants jusqu’à hauteur de Rs 1,2 milliards qui avaient été approuvés avant novembre 2014. Y compris au projet de désalinisation à Rodrigues mais dont il n’a pas donné les montants déboursés et à être déboursés. Est-ce cette omission qui explique les chiffres incohérents qu’il a communiqués ? Nous attendons tous les chiffres de Rajeev Hasnah.

 

Rs 6 milliards perdues

Selon le FDG Hasnah, Rs 6 milliards sont à risque et cela sera reflété dans le bilan de la MIC au 30 juin 2025. On ne sait pas exactement qui sont ces mauvais payeurs. Quoiqu’il en soit, pour Hasnah, si on retire ces Rs 6 milliards des Rs 22 milliards déboursées aux entreprises, il ne restera que Rs 16 milliards de créances. Pas Rs 41 milliards, car l’économiste a habilement exclu les Rs 25 milliards déboursées à AHL. Les considère-t-il comme déjà perdues ? Non, il parle d’investissement stratégique pour le pays. Et pour Qatar Airways ou un tout autre repreneur ?

 

En tout cas, cette omission des Rs 25 milliards permettra opportunément à Hasnah de conclure que les Rs 3,1 milliards récupérées par la MIC de bénéficiaires « patriotes », plus Rs 4 milliards qui le seront bientôt, donc Rs 7,1 milliards au total, représentent 45% des Rs 16 milliards avancées. Car Hasnah semble croire sur parole en ces promesses de remboursements de Rs 4 milliards.

 

6.5% et non 45% M. l’économiste !

Or, si l’on se base seulement sur ce qui a déjà été remboursé, soit Rs 3.1 milliards, le taux tombe à 19% – Rs 3.1 mlds /Rs 16 mlds. De plus, si l’on inclut les Rs 6 milliards perdues, le taux de remboursement descend à 14% (Rs 3.1 mlds/ 22 mlds.) Et si l’on ajoute les Rs 25 milliards à AHL, le pourcentage de remboursement chute à seulement 6.5 % – Rs 3.1 mlds/ Rs 47 mlds. Pas 45% ! Et cela, dit le magicien Hasnah, en seulement sept mois. Alors que pour lui (et Sithanen), Sanspeur n’a rien fait pour Silver Bank en neuf mois. Quel artiste, ce Hasnah !

 

Quant aux terrains acquis par la MIC pour Rs 10 milliards, ils sont là, dit Hasnah. C’est vrai car heureusement, ils ne peuvent être perdus. Mais ils peuvent être vendus. Comme celui qui allait l’être à Sotravic et dont on ignore le prix. Aussi, Hasnah omet habilement de dire combien valent ces terres et si elles rapportent des revenus.

 

Rama Sithanen n’a pas cessé de hocher la tête en signe d’approbation des chiffres flatteurs avancés par son second. Peut-être pensait-il à l’économiste Alfred Sauvy qui disait : « les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire. »

 

Rajeev Hasnah a manipulé avec maestria les chiffres de la MIC