Le corps sans vie de Nasirodin Shameen Tengur, 39 ans, a été retrouvé le 17 juillet dans l’unité Alamanda de la prison de Melrose. Tengur se serait pendu avec un drap qu’il aurait accroché à une des barres de fer de la ‘fenêtre’ de sa cellule. Barres situées à environ 7 pieds du sol !
La ‘pendaison’ aurait eu lieu durant le contrôle effectué ce jour-là par les gardiens et plusieurs autres unités de la police. Les fouilles avaient en fait débuté le 12 juillet et avaient vu la saisie de 23 téléphones portables, entre autres, dira Navin Ramgoolam au parlement le 22 juillet. Le 17 juillet, a ajouté le PM, une fouille spéciale a eu lieu le matin vers 9 h aux unités aux doux noms de Ebony, Talipot, Pailles-en-Queue, Kestrel et … Alamanda.
Des chefs de bande ont tenté d’empêcher cette fouille, selon Ramgoolam, et se sont opposés aux autres prisonniers qui coopéraient avec les gardiens. Il y avait même eu de prises d’otages, a-t-il souligné. Ce qui a dégénéré en une sorte de bataille rangée, d’après ce que les autorités carcérales ont affirmé à Navin Ramgoolam. Des membres du SMF et du redoutable Correctional Emergency Response Team (CERT) de Beau Bassin ainsi que le GIPM ont été appelés en renfort. Le PM a toutefois précisé qu’il n’y avait pas eu usage de force excessive et que seuls 9 détenus ont dû recevoir des soins. Il a annoncé une enquête par la National Preventive Mechanism Division de la Commission des Droits de l’Homme.
Là s’arrête la réponse du PM à la PNQ de Joe Lesjongard. Il n’a pas parlé de mort ni de ‘suicide’. Pourtant, Nasirodin Shameen Tengur a été retrouvé pendu ce même 17 juillet vers 13 h, selon nos informations. Pourquoi le PM n’en a-t-il pas fait mention même si cette mort résultait réellement d’un suicide ? Certains pensent qu’il est possible qu’il ne voulût pas faire une déclaration dont il n’était pas sûr de la véracité. Ou alors les autorités carcérales ne lui en ont pas mis au courant.
Car des doutes sont maintenant émis sur cette ‘pendaison’. Très peu croient que Tengur se serait suicidé en pleine émeute. Selon des prisonniers, il aurait été battu à mort dans sa cellule. Par qui ? Ils rejettent la thèse selon laquelle Tengur aurait été frappé mortellement par un ou plusieurs codétenus. « Si c’était le cas, cet homicide ou ce meurtre aurait dû être signalé par les gardiens et non maquillé en suicide. » Et Ramgoolam en aurait parlé le 22 juillet au Parlement.
Tout dépend maintenant de la conclusion de l’autopsie qui déterminera la cause exacte de cette mort et de l’enquête de la police de Montagne-Blanche. Et les caméras de surveillance, parleront-elles ? Navin Ramgoolam a prévenu : « Qu’on ne me parle pas de panne de caméra ! » Tout en ajoutant : « I wish to inform the House that, in line with our policy of transparency and accountability, I intend to make the report public. »
Encadré
L’ancienne direction pointée du doigt
L’intervention musclée à la prison de Melrose entre le 12 et le 17 juillet a été décidée car la situation était devenue ingérable, nous dit une source. « Le chaos qui y régnait est le résultat du laxisme et même de la complicité de l’ancienne direction de la prison avec les barons de la drogue qui y sont incarcérés. » On nous explique que l’ancienne direction avait presque transféré la supervision de certaines unités à ces barons de la drogue et en retour, leur avait permis de continuer leur trafic.
On nous a déjà fait part de la protection venant du précédent gouvernement et dont bénéficiait un ex-responsable de cette prison. Ce dernier traitait avec égards certains détenus qui étaient proches de l’ancien régime.
