Rs 73,000 par Jour… Et Zéro Compte à Rendre
L’indépendance d’une banque centrale est un principe sacré. Elle permet de protéger la politique monétaire des manipulations politiques. Mais lorsque cette indépendance devient une excuse pour s’exonérer de toute redevabilité, elle perd sa noblesse et devient une forme de dérive autoritaire.
C’est exactement ce que nous observons aujourd’hui à la Banque de Maurice. Le Gouverneur Rama Sithanen, que l’on présente comme un technocrate chevronné, semble avoir oublié qu’il dirige une institution publique, et non une entreprise privée ni un trône personnel.
1. Des Déplacements à Sa Seule Discrétion
Le Gouverneur décide seul de ses missions à l’étranger, sans en référer ni au Conseil d’administration de la Banque, ni à ses adjoints. Il juge lui-même ce qui est “prioritaire”, ignorant ainsi la directive pourtant claire du Premier ministre de réduire les voyages non essentiels. Le Conseil n’est même pas informé de ses allées et venues.
Pire : il fixe lui-même la durée de ses séjours, sans calendrier prévisionnel, sans validation, sans consultation.
Or, quand on sait que chaque jour passé à l’étranger lui rapporte Rs 73,000 en per diem, sans compter les “entertainment allowances”, ce flou n’est pas anodin. C’est un enjeu de transparence financière majeur.
2. Aucune Redevabilité
Contrairement aux ministres qui doivent soumettre un rapport de mission au Cabinet à leur retour, le Gouverneur n’a jamais présenté de rapport de mission au Conseil de la Banque.
Pas une ligne. Pas un retour d’expérience. Pas un plan d’action découlant de ces rencontres internationales. Même ses deux adjoints, censés être ses bras droits, ne savent rien des suites à donner.
Cela pose une question simple et grave : à quoi servent ces missions ? Qui les évalue ? Et sur quels critères ?
Une Indécence Financière Sous Couvert d’Indépendance
Il ne s’agit pas ici de remettre en cause l’indépendance de la Banque Centrale, mais de rappeler que cette indépendance ne peut exister sans transparence et sans comptes à rendre.
Quand les missions à l’étranger deviennent des sources d’enrichissement personnel, et que l’opacité devient la règle, alors ce n’est plus une institution républicaine : c’est un régime personnel.
Par Thomas Crook
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