Dans notre article du 13 octobre, nous vous parlions de la possibilité que le Cessna transportant à Maurice l’ex-Premier ministre malgache Christian Louis Ntsay et l’homme d’affaires Maminiaina (Mamy) Ravatomanga, entre autres, n’ait pas soumis de plan de vol aux autorités malgaches avant son décollage.
Eh bien, c’est confirmé aujourd’hui grâce à une vidéo montrant les échanges entre la tour de contrôle d’Ivato à Madagascar et le pilote du jet privé. A la question de l’aiguilleur du ciel malgache, le pilote ne reconnait pas explicitement qu’il n’a pas soumis de plan de vol aux malgaches. Mais affirme que le plan a été remis à Plaisance, sa destination. On ne sait pas si c’est vrai. Nous attendons la réponse du bureau du Premier ministre, responsable de l’Aviation Civile. Quoiqu’il en soit, cela prouve que le jet privé ne voulait jamais atterrir à la Réunion.
Vol de nuit et de malgaches
Cependant, le ‘flight plan‘ aurait dû être soumis aux deux aéroports et ce, au moins une heure avant le décollage, nous dit un pilote. Le plan de vol permet aux contrôleurs aériens de savoir la destination, la trajectoire, l’altitude et le couloir aérien que prendra l’avion, cela pour réguler le trafic mais surtout pour éviter une collision en plein air avec un autre avion. Sans plan de vol, pas d’autorisation de démarrer le moteur ! Donc, le jet aura décollé d’Ivato sans autorisation. C’était voulu visiblement car Christian Ntsay et Mamy Ravatomanga fuyaient le pays. En tout cas, l’avion était en violation des règlements de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale).
Le plan de vol pourrait aussi indiquer la quantité de carburant dans le réservoir de l’avion. Si Plaisance a reçu le plan de vol, il devrait normalement être en mesure de savoir si l’avion manquait vraiment de kérosène pour faire demi-tour. Même si elle ne l’a pas reçu, Plaisance aurait pu vérifier le niveau de carburant à l’atterrissage, cela pour savoir si le pilote du Cessna avait éventuellement menti pour obtenir l’autorisation d’un atterrissage en urgence.
Au cas où le jet malgache n’a pas soumis de plan de vol à Plaisance, il s’est exposé et a exposé d’autres aéronefs aux mêmes risques dans l’espace aérien mauricien. Des violations très gaves des règlements auront donc été commises au nez et à la barbe de l’Aviation Civile mauricienne. Et si l’Aviation Civile n’a pris ou ne prendra aucune sanction, on pourrait l’accuser de complicité.

“Ces deux hommes ont réussi à faire décoller et atterrir leur avion sans plan de vol“
Et la sécurité du territoire ?
De plus, si un avion non identifié peut entrer furtivement dans notre espace aérien et atterrir, qu’en est-il d’un aéronef transportant disons des terroristes ? Qui a décidé, et quand, que le jet transportait bien des civils pacifiques et non des terroristes ? Une seule personne suffit-elle à prendre une décision aussi importante, si tel fut le cas ?
Si l’Aviation Civile, agissant sous les ordres de la secrétaire aux affaires intérieures, a autorisé cet atterrissage et surtout le débarquement des passagers, on a droit à des explications. Était-ce pour l’intérêt des Malgaches ? Manifestement non. Si c’était dans l’intérêt de Maurice, il faudrait bien que l’on sache comment. Seule une enquête comme promis nous informera et l’on souhaite que le gouvernement ne se cachera pas derrière des arguments de sécurité nationale pour cacher d’autres intérêts. On saura un peu plus demain 15 octobre avec la conférence de presse du DPM Paul Bérenger qui agit aussi comme Premier ministre par intérim. Et qui a l’habitude de répondre à toutes les questions.
« Si Emmanuel Macron a pu se permettre d’évacuer Andry Rajoelina, qu’il prenne ses responsabilités ! Un petit Etat comme Maurice peut-il se le permettre ? »