La State Bank of Mauritius (SBM) Bank est sans chairman et sans board depuis plusieurs mois. Pourtant, le conseil d’administration de la SBM Holdings qui possède la SBM Bank a, lui, déjà été constitué. Pourquoi ce retard à l’allumage d’autant que la SBM est (aussi) sans CEO depuis la suspension de Premchand Mungur ?
Aussi, ces 10 dernières années, la SBM a perdu environ Rs 15 milliards – le chiffre exact n’est pas connu – dans des prêts accordés notamment à des étrangers. Elle a donc bien besoin d’une nouvelle direction pour rassurer sa clientèle et ses employés.
Il semble que plusieurs professionnels et autres nominés aient déjà été sélectionnés pour faire partie du board, y compris Manou Bheenick comme le nouveau chairman. Or, le choix de ce dernier ne plairait pas au gouverneur de la Banque de Maurice (BOM) Rama Sithanen qui aurait bloqué sa nomination. Pourquoi ?
Sanspeur contre Sithanen
Selon nos informations, Rama Sithanen considère que le procès intenté par Bheenick à la BOM fait de celui-ci quelqu’un qui n’est pas ‘fit and proper’ pour être directeur de banque.
Le Second Deputy Governor de la BOM Gérard Sanspeur n’est pas d’accord et l’a fait savoir au gouverneur tout en faisant état de l’avis légal de deux hommes de loi, dont un ancien juge. Ces légistes ont conclu que c’est le droit constitutionnel de Bheenick de demander réparation en justice et que le blocage de sa nomination à la SBM est irrationnel et ‘ultra vires’ soit un abus de pouvoir.
Sithanen aurait mal pris la remarque de Sanspeur et même les avis légaux. Et il a fait comprendre à Sanspeur que c’est lui, Sithanen, le boss et que même un Deputy Governor n’a pas le droit de s’ingérer dans cette affaire Bheenick. Le plus grave ? Sithanen a copié sa réponse adressée à Sanspeur à trois autres cadres de la BOM. Ce qui a paru aux yeux de ces derniers comme une tentative de la part de Rama Sithanen de saper l’autorité du Second Governor et de l’humilier.
Une source nous explique que Rama Sithanen ne bloque pas la nomination de Manou Bheenick à la SBM parce que celui-ci poursuit la BOM. « Non, c’est en raison d’une vieille rivalité datant des années 2005-2010 lorsque Sithanen était ministre des Finances et Bheenick gouverneur de la BOM. » Une lettre anonyme circule détaillant cette hostilité.
Et concernant sa manière cavalière d’agir envers les Deputy Governors, on nous dit que Sithanen agit toujours ainsi depuis sa nomination. Il ne consulterait pratiquement jamais les Deputy Governors qui en sont réduits bien malgré eux à un rôle passif. Des décisions importantes concernant notamment la politique monétaire et surtout la MIC seraient prises sans consultation. Parfois en catimini.
Le père de la décadence économique
On nous rappelle que c’est Sithanen qui avait tué notre économie après l’essor des années 80 et début 90. « Et maintenant comme gouverneur de la BOM, il a juste fait des promesses concernant la maitrise de l’inflation. Les seules mesures qu’il allait prendre concernent le contrôle des bureaux de change ! »
On souligne que c’est Sithanen qui a baissé le taux d’imposition de 33% à 15% en 2006 avec comme seule justification : rendre plus facile la politique de taxation avec un ‘flat rate’. « En fait, c’est le plus grand crime commis à notre économie. Sithanen servait en réalité les intérêts des puissants. Et quant à ces promesses de développement économique avec cette baisse d’impôt, on a eu le contraire surtout avec sa politique de détaxe de produits importés. Ce qui a achevé notre secteur productif. »
Les personnes que nous avons contactées se demandent tous pourquoi on l’a nommé à la tête de la BOM. « Et de plus comme chairman de la FSC, Sithanen contrôlera tout le secteur financier du pays. Et cela, pas nécessairement dans l’intérêt du pays. »
Un de ses proches aussi agirait dans l’ombre pour placer ses amis dans les institutions publiques. « Trop s’est trop ! » nous dit un banquier.