Et si c’était la peur de voir ces Rs 6 milliards (ou plus ?) s’envoler pour Dubaï qui a motivé le gel des comptes bancaires de Mamy ?

Dans son communiqué du 17 octobre, la FCC parle de « renseignements crédibles » indiquant qu’une forte somme d’argent avait été transférée par Maminiaina ‘Mamy’ Ravatomanga à Maurice. La FCC ne précise pas quand. Elle ajoute – et c’est le plus important – que Ravatomanga a « l’intention de déplacer ces mêmes fonds vers une autre juridiction. » Et de quitter le territoire.

Et c’est pour cette raison – et non suite à la plainte déposée par un(e) malgache – que la FCC aura décidé de geler les comptes bancaires de Ravatomanga. Cela avant même l’avoir arrêté ou convoqué.

Cependant, dans sa lettre à la FCC, le Conseil National pour la Défense de Transition (CNDT) de Madagascar ne fait aucune mention de transfert(s) en particulier mais de « « corruption à grande échelle, détournement de fonds publics, fraudes fiscales, enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux à l’international. » Fanirisoa Ernaivo, l’envoyée du nouveau régime malgache, n’a parlé, elle, que de risque de fuite de Ravatomanga et de la Red Notice émise concernant l’affaire des cinq Boeing utilisés par l’Iran.

Ravatomanga a-t-il transféré à Maurice une forte somme par virement bancaire, juste avant de s’enfuir de Mada ? On ne le sait.

Succulents litchis et commerce

En fait, nous dit une source, Mamy avait effectivement fait transférer de fortes sommes d’argent vers ses comptes offshore à Maurice mais cela, « depuis plusieurs années. Maurice était utilisée pour encaisser l’argent de ses exportations du Madagascar. »

Comment ? De prendre l’exemple des exportations de litchis malgaches par Ravatomango. Les paiements provenant de l’Europe n’allaient pas à la Grande Ile, nous explique-t-il, mais entraient directement dans ses comptes chez quatre banques via des Management Companies à Maurice. Et une partie était rapatriée à Mada pour le paiement des salaires des cueilleurs de litchis, fournisseurs et autres. Les énormes bénéfices seraient ainsi conservés à Maurice.

Ainsi, plus Madagascar exporte, plus Maurice engrange des devises. C’est pourquoi la BOM, nos ministres, économistes et journalistes parlent de nos réserves plus que suffisantes mais qui appartiennent en grande partie aux Mamy et autres…

Cependant, la FCC, la FIU et les autres autorités mauriciennes ne seraient pas prêtes à reconnaitre que l’argent est entré à Maurice ‘normalement’ se contentant de la thèse vague selon laquelle « Ravatomanga avait transféré une forte somme d’argent à Maurice. » Cela, pour justifier le gel ? Même s’il était vrai que Ravatomanaga « avait l’intention de déplacer ces mêmes fonds vers » Dubaï, est-ce légal ? avons-nous demandé à un banquier. Réponse : « Oui ! Toutefois, cela causera un tort immense aux banques mauriciennes impliquées. »

En revanche, si Mamy a commis par exemple des fraudes fiscales à Madagascar en n’y canalisant pas toutes ses recettes, ça, c’est une autre histoire. Idem s’il a violé le contrôle de changes malgache.

Aussi, s’il est prouvé qu’au moins une partie de son magot à Maurice provient de « corruption à grande échelle, détournement de fonds publics, enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux à l’international » par rapport aux dossiers bien précis dont a parlé le CNDT à savoir « Boeing 777 iraniens », le dossier GEL – Filière Letchi, en lien avec Transparency International Madagascar et des contrats frauduleux à la JIRAMA, le gel pourrait être justifié si la FCC a été convaincue par les arguments et documents de Fanirisoa Ernaivo. Or, cette dernière ne s’est rendue à la FCC que le 19 octobre, alors que le gel avait été prononcé le 15 octobre !

Litchis vendus 30 fois le prix d’achat

Il est indéniable que Ravatomanga exerçait un monopole dans le commerce de litchis au Madagascar, écrit Le Monde. C’est lui, avec un autre Malgache, Thierry Samtio, qui faisait la loi au sein du groupement des exportateurs de litchis (GEL) sur ce commerce dans la Grande Ile, exploitant les planteurs et cueilleurs de ce fruit. Les autres Malgaches qui voulaient en exporter surtout vers la France se heurtaient à GEL et aux règlementations européennes qui cependant n’étaient pas respectées par le GEL. En 2020, le kilo de litchis était vendu en Europe trente fois le prix acheté aux paysans malgaches. Ce commerce était facilité par la compagnie offshore mauricienne Rogers Capital.

« S’il doit y avoir enquête et saisie éventuelle des avoirs de Ravatomanga » nous dit un financier, très au fait de ce genre de transactions, « que ce soit dans l’intérêt des Malgaches et non des quatre banques mauriciennes, de Rogers Capital ou autres Management Companies ou de certains au gouvernement qui salivent devant les milliards de Ravatomanga. »

 

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