Si des hauts-gradés de la police ont pu ‘sortir’ Rs 160,3 m des caisses de l’Etat, on se demande comment ils les ont dépensées ou investies, ou allaient le faire. Qu’ils investissent dans des entreprises frigorifiques ou acquièrent des biens fonciers, l’argent doit passer par une banque, un notaire etc. Ces derniers ont l’obligation de signaler toute transaction suspecte à la Financial Intelligence Unit (FIU).
Vu qu’il est difficile de recycler ces millions à Maurice, on les envoie donc à l’étranger. Cependant, il faut auparavant les convertir en devises. Or, les banques voudront connaitre l’origine des fonds d’autant que ces fonds vont quitter le pays en devises. Les bureaux de change aussi doivent respecter nos législations sur la lutte contre le blanchiment d’argent.
Toutefois, il y en a au moins un ‘Money Changer’ qui accepte volontiers de convertir cet argent sale. Et pourquoi prend-t-il autant de risques à le faire ? Eh bien, tout simplement parce que ces ‘clients’ très spéciaux offrent d’acheter les devises à un prix défiant toute concurrence. Ainsi, au lieu d’acheter par exemple le dollar à Rs 47, ces clients sont disposés à payer Rs 50 !
Clients généreux et protecteurs
Et la Banque de Maurice ne décèlera jamais ces transactions puisqu’elles auront eu lieu illégalement. Aucun reçu ne sera émis et aucune trace laissée. Ce ‘bureau de change’ se sent d’autant plus en sécurité qu’ils ont affaire à des policiers. Et pas n’importe lesquels ! En cas de signalement d’activités illicites à la police, le dossier ira dormir dans un tiroir aux Casernes Centrales. Sauf si la FCC s’en mêle…
Dubaï nous voilà !
Une fois les devises étrangères achetées, ces policiers les emportent dans des valises à l’étranger, de préférence à Dubaï, où l’on n’est pas regardant sur l’origine de fonds suspects. Et le contrôle douanier à Plaisance ? Mais qui osera demander à un chef de la police d’ouvrir sa valise pour une fouille ?
L’argent est alors investi à Dubaï, de préférence dans l’immobilier. Dans ce secteur aussi, les autorités dubaïotes laissent faire. Souvenez-vous des papiers de ‘Dubaï Unlocked’ publiés en mai 2024 et dans lesquels on a pu découvrir les investissements en béton de Kavi Ramano.
Hawala
A part le bureau de change, il y a un hawaladar en particulier et très connu qui apporte son aide à ces flics-voyous. Le système de hawala ne nécessite aucun transport de liquide ni le passage des frontières avec des valises bourrées de billets de banque.
Rien à déclarer
Il parait que Yeshdeo Seeboruth ait pris l’avion plusieurs fois, rien qu’en 2023. Ses valises ont-elles été fouillées ? Le grand chef policier, lui, avait tranquillement pris l’avion juste après le changement de gouvernement, muni de plusieurs valises, son porteur de valise ne voulant sans doute plus s’y risquer. Malgré un signalement venant de plusieurs personnes, on l’a laissé partir et revenir sans encombre. La FCC l’a attendu avec patience…
Deep inside
Selon une source, c’est cet ex-chef des Casernes qui a eu la part du lion de ces Rs 160,3 m. « Ceux qui ont été arrêtés n’ont eu que des miettes. Ils ont accepté de faire le sale boulot en retour de promotions, voitures et autres bourses d’études. » Notre interlocuteur nous rappelle que c’est ce chef qui connait seul le montant total déboursé comme ‘Reward Money’ à tous ses ACP ou DCP et qu’ainsi, personne ne peut le doubler. Il nous dit également être au courant de ces « roupies dans de gros sacs » que l’ex-chef envoyait à convertir en devises chez le même bureau de change près du port.
