Reward Money : Les informateurs fantômes

Tous les protagonistes qui ont reçu des versements de Reward Money dans leurs comptes bancaires affirment que l’argent n’a été utilisé ni par eux ni pour payer d’autres policiers mais a été remis à des informateurs. Et, comme il fallait s’y attendre, ils opposent l’Official Secrets Act pour ne pas divulguer l’identité de ces derniers.

Et s’il n’y avait pas d’informateur ou alors très peu ? Selon une source, l’informateur est un mythe. Il nous explique que pour les grosses saisies, il n’y en a pratiquement pas. « Personne ne prendra le risque de venir de l’avant pour prendre la récompense en liquide d’un policier » nous dit-il. « Personne ne fera confiance au policier lui remettant la récompense, sauf s’il s’agit d’un gros narcotrafiquant qui dénonce un de ses rivaux. » Comme Franklin qui, avait affirmé Bruneau Laurette, aurait ce genre de deal avec Ashik Jagai ?

Informateur réunionnais généreux

Notre interlocuteur reconnait que la police a déjà reçu des appels anonymes révélant une planque de drogue. « Mais c’est resté anonyme. Personne n’est venu réclamer une récompense. » Ce qui permettait aux ripoux de palper le pognon à leur place.

Bruneau Laurette déclarait le 20 août que la police mauricienne aurait été informée de l’arrivée d’une cargaison de drogue de l’Ile de la Réunion par … un membre de la marine de l’Ile Sœur. Tout en rappelant que ces derniers n’acceptent pas de récompense. De souligner qu’en réalité c’est Dunraz Gungadin qui aurait touché la prime.

Cependant, nous dit notre source, la plupart de signalements sont faits par le National Security Service (NSS) et la Counter Terrorism Unit (CTU). « Ils écoutent les conversations téléphoniques sous couvert de traquer les terroristes. » Tout en reconnaissant : « Parfois, ils écoutent les opposants au pouvoir mais aussi les membres du gouvernement … » Des Missiers Moustass …

De riches espions comme H.R.

Une autre source nous le suggérait déjà le 19 juillet (voir l’article sur Scoop.mu) : « la plupart des saisies de drogue font suite à des signalements anonymes. Mais c’est surtout grâce aux écoutes téléphoniques par la Counter Terrorism Unit et la NSS que les livraisons de drogue sont détectées. » Ce qui nous faisait dire : Lilram Deal qui était en charge de la Counter Terrorism Unit était-il plus intéressé par les trafiquants que par les terroristes ? »

Cela expliquerait en tout cas pourquoi Lilram Deal et ses proches ont reçu de fortes sommes sur leur compte bancaire. Et aussi pourquoi les comptes de H. R. du NSS et de ses proches sont eux-aussi bien garnis, comme nous venons de l’apprendre. H. R. sera probablement interpellé bientôt par la FCC.

On se souvient de l’autre scandale révélé par Navin Ramgoolam au parlement le 4 février. Rs 5,04 milliards avaient été dépensées par le gouvernement de Pravind Jugnauth pour l’acquisition de matériels sophistiqués servant aux écoutes des Mauriciens et même d’étrangers. Après les récentes révélations sur le Reward Money, on serait tenté de penser que ces Rs 5 milliards n’auront pas été dépensées juste pour espionner les Mauriciens mais aussi pour détecter les trafics de drogue. Même si le coût serait trop élevé pour des résultats qui se révèlent être de plus en plus insuffisants.

Bien que ces écoutes doivent demeurer secrètes, à la Réunion elles ne le sont pas. On avait ainsi appris à la lecture du jugement du Tribunal de St Denis condamnant Franklin et sept autres personnes pour narcotrafic que les fournisseurs réunionnais de zamal étaient sur écoute. Ce qui semble confirmer les propos de Bruneau Laurette à l’effet que ces gendarmes auraient partagé les informations avec leurs homologues mauriciens. Gratuitement.

Le secret entourant les écoutes téléphoniques à Maurice cacherait donc le stratagème utilisé pour détecter des narcotrafics pour permettre aux Dip, Jagai, Gungadin, Hossen, Deal et autres Seeboruth de prétendre que l’information venait d’indics qu’il fallait récompenser. En réalité, ils se récompensaient eux-mêmes. On se demande s’ils ont au moins partagé le Reward Money avec les simples policiers mauriciens qui passent beaucoup de temps avec leur casque d’écoute.