L’affaire des récompenses s’enveloppe d’un autre nuage d’opacité : les pièces justificatives (‘vouchers’) ont disparu concernant tout au moins le déboursement illégal de Rs 198 m. Bien que l’authenticité des copies ait été confirmée par l’ACP Dunraz Gungadin et admise par la FCC, on se demande si elles seront recevables en justice lors d’un éventuel procès. Les avocats qui représentent les policiers-accusés ne soulèveront-ils pas d’objection à la production de ces copies ? Pourquoi d’ailleurs a-t-on fait disparaitre ces documents ? Est-ce pour qu’il n’y ait pas de preuves formelles de détournements ?
Top secret
L’ex-commissaire Anil Kumar Dip ne veut pas, encore une fois, endosser la responsabilité de cette disparition. De plus, il justifie, selon le journal Le Défi, la disparition ou mise à l’abri de ces bons de paiements par la nécessité de protéger l’identité des informateurs. Ces reçus et autres formulaires de réclamation contiendraient-ils le nom des informateurs ?
Selon l’affidavit juré par le même Dip le 12 septembre 2025, nulle part le nom des informateurs n’est mentionné. Mais leur signature, oui. « Informers are required to affix their signatures on their receipts for payments but they do so only because they trust that the police will keep these receipts secret. » Est-ce qu’une signature surtout si elle est gribouillée peut mener à l’informateur ? Un policier ne le pense pas.
De plus, les formulaires annexés à l’affidavit et à remplir pour la réclamation de la prime de même que le reçu après paiement de la prime ne prévoient pas le nom de l’informateur à y être inséré.
Reçu pour handler
En revanche, concernant l’identité du policier-handler, elle doit être mentionnée dans le reçu Part E. On ne sait pas si elle est faite en pratique. Et là où la signature du handler doit figurer, on nous dit que parfois seules des initiales griffonnées, difficilement reconnaissables, sont apposées.
Si l’identité des informateurs ne se trouvent pas sur ces documents, on se demande alors pourquoi Dip prétend-il que ces documents sont ‘Top Secret’ ? Est-ce pour que l’on ne reconnaisse pas l’identité du handler au cas où les initiales ou signatures éventuelles sont reconnaissables ? Ou alors pour que l’on ne sache pas que la police paie les récompenses sans que l’on ne puisse certifier qui est le récipiendaire ?
Quoiqu’il en soit, ces documents contiennent chacun un montant que l’on peut réconcilier avec chaque saisie de drogue à travers l’OB Number. Il serait plutôt aisé à la FCC de remonter jusqu’au handler qui devra alors s’expliquer sur la destination ou du moins la justification de la prime.
Cependant, il est à craindre que les photocopies ne soient pas fidèles aux originaux et que le nom ou signature des informateurs et des handlers en ait été retiré…
Et la comptabilité ?
Autre interrogation : si les originaux ont disparu, comment le département des finances a-t-il comptabilisé ces sorties d’argent de Rs 198 m ? A-t-il utilisé des photocopies ? Si oui, c’est grave et département d’audit l’aurait signalé. D’autre part, si le département des finances a bien utilisé les originaux, comment ont-ils disparu par la suite ?
Après reçus secrets, rencontres secrètes
Lorsque la FCC a commencé il y a quelques jours à s’intéresser de près à l’affaire de retraits massif de Reward Money à la veille des législatives du 10 novembre 2024, une rencontre au sommet a été organisée à Floréal, plus précisément à So’Flo, à la tombée de la nuit. Un haut-gradé de la police toujours en fonction et sur lequel pèse maintenant des soupçons de complicité de détournement des récompenses y a été vu en civil. Même s’il faisait tout pour passer inaperçu, ses démarches louches ont fini par attirer l’attention. « Il paraissait attendre quelqu’un en donnant des coups de fil » nous dit un témoin curieux « tout en faisant semblant d’être venu faire du shopping alors qu’il ne l’a pas fait ! »
Peu après, relate notre interlocuteur, deux ex-ministres de l’ancien gouvernement sont arrivés l’un après l’autre et les trois compères ont eu une conversation qui n’a pas duré plus de cinq minutes. Ils se sont ensuite séparés discrètement sans se serrer la main, chacun prenant une direction différente.
Que complotaient-ils ? La FCC pourrait s’intéresser à cette rencontre pleine de mystères en consultant les images des caméras de surveillance. Des photos auraient aussi été prises par au moins un témoin.
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