L’affaire de déboursement de Rs 470 m par la State Bank of Mauritius (SBM) en faveur de la Mauritius Commercial Bank (MCB) et de Maradiva ressemble curieusement à celle des Rs 2,4 milliards et des Rs 350 m payées par la MIC à Armand Apavou et le même Maradiva.
Il faut comprendre d’abord que le Management Credit Forum (MCF) de la SBM est depuis 2019 l’instance suprême qui approuve ou pas les demandes de financement et cela pour n’importe quel montant. Le board avait délégué ses pouvoirs au management et l’on nous dit que c’est la tendance chez toutes les grandes banques… Le dossier n’est transmis au board qu’à titre informatif.
La demande de Dhyanavartam Ltd, qui possède le Maradiva, pour racheter son prêt toxique de Rs 470 m à la MCB est d’abord passé par le Credit Underwriting Team (CUT), composé d’experts, qui n’a, bien sûr, pas recommandé cette transaction plus que louche (voir notre article du 18/6 sur Scoop.mu).
Mais au lieu de refermer le dossier, Premchand Mungur l’aurait quand même transmis au MCF. Et c’est à partir de là que la confusion commence, tout comme pour le dossier Apavou et celui du même Maradiva à la MIC.
Pour rappel de ce dernier cas, un membre de la MIC avait objecté le 31 janvier 2024 à un investissement de Rs 350 m supplémentaires dans Maradiva en rappelant les retards de remboursements et de paiements des intérêts pour deux financements de Rs 650 m chacun par la MIC en 2020 et 2022. Jitendra Bissessur avait relativisé la situation en avançant que Maradiva payait … les intérêts et que la valeur totale des actifs de Maradiva excédait ses dettes.
A la SBM, Premchand Mungur aurait sorti ces mêmes arguments face aux questions des autres membres du MCF pour le déboursement des Rs 470 m. Il aurait fait aussi comprendre que si ces Rs 470 m n’étaient pas déboursées, la SBM s’exposera à des pertes de tous les financements de Rs 1,3 milliard déjà consentis à Maradiva ! Argument plus bancal que bancaire, nous dit un comptable.
Quoiqu’il en soit, il semble que les autres membres du MCF ne se sont pas laissés influencer par Mungur et n’ont pas approuvé la transaction. Toutefois, Mungur, ou quelqu’un d’autre agissant sous ses ordres, aurait alors fait croire aux départements concernés que l’approbation a été reçue du MCF et que donc on pouvait payer les Rs 470 m à la MCB. Dans le même élan, Premchand Mungur aurait, document à l’appui, déclaré la même chose au board, certes à titre informatif.
Intervention de Lady Macbeth
Or, convoqués par la Financial Crimes Commission (FCC), les autres membres du MCF ont maintenu qu’ils avaient rejeté la demande. Et c’est ainsi que la FCC a arrêté Mungur pour avoir induit le board en erreur. Mais étrangement, la FCC n’a pas parlé des autres départements et personnes qui ont été induits en erreur. Pourtant, un membre qui était présent au MCF et qui a vu le rejet du dossier a quand même signé l’autorisation de déboursement…
Il semble que ce soit le procès-verbal qui a été présenté au board et aux autres départements et qui les a induits en erreur. Normalement, il n’y a que trois options à y inscrire après l’examen d’une demande de financement : Approved, Deferred ou Declined. Et laquelle a été choisie ? Aucune ! Les trois options ont été rayées mais l’on a ajouté « MCF in favour ! » Du jamais vu, nous dit-on.
Selon toute vraisemblance, une main invisible a rayé l’option ‘Declined’ (‘Approved’ et ‘Deferred’ l’étaient déjà) et rajouté « MCF in favour. » Si c’est vrai, il y aura eu faux en écriture. Était-ce Premchand Mungur ou la secrétaire du MCF ? La police ou la FCC nous le dira. La ‘Lady’ qui faisait trembler les directeurs de la SBM devrait aussi être entendue. C’est elle qui aurait transmis les ordres par téléphone.
