Les Japonais font toutes les difficultés du monde pour recevoir les plaintes concernant le naufrage du MV Wakashio. En attendant, le nouveau gouvernement semble aussi peu intéressé que le gouvernement Jugnauth à chercher réparations des Japonais et à rendre public le rapport Wakashio
Cinq ans après le naufrage le 25 juillet 2020 du Wakashio, il n’y a toujours pas eu de procès intenté par l’Etat mauricien contre les responsables du désastre écologique, économique et social. Le 21 mai 2024, Pravind Jugnauth le promettait toujours, cela en réponse à une question de Joanna Bérenger.
Le plus important, l’ex-Premier ministre annonçait, au grand dam de celle-ci, que le rapport de la Court of Investigation ne sera pas rendu public. Car, dit-il, “disclosing the Report would be disclosing the approach that the State will take to pursue its claim against the interested parties.” Joanna Bérenger avait alors accusé Pravind Jugnauth d’agir contre l’intérêt des victimes du naufrage et d’être antipatriote etc. etc. 
Le 15 juillet dernier, le député Tony Apollon voulait poser plus ou moins la même question (B/707) à Arvin Boolell. Hélas, la question n’est pas passée faute de temps. Et elle ne figurait pas à l’ordre du jour de la séance suivante du 22/7. Contacté, le Dr Arvin Boolell nous dit qu’il voudrait bien que le rapport soit rendu public. « Mais il nous faut respecter les procédures d’enquête en cours par le DPP et la police, entre autres. »
Donc pas de rapport pour l’instant ni d’informations au sujet de poursuites engagées ou pas contre les Japonais. Cela, malgré les promesses pré-électorales…
Quand Pravind Jugnauth pense
Pour rappel, Pravind Jugnauth avait déclaré le 21 mai 2024 qu’au moins Rs 2,3 milliards sont à réclamer. Cependant, il n’était pas sûr si une demande partielle, s’élevant à Rs 540 m, de remboursement des dépenses encourues pour dépolluer nos lagons et nos plages a été faite. Il ‘pensait’ également que seulement Rs 60 m ont été reçues.
En attendant, l’hésitation du gouvernement MSM a permis à l’assureur japonais du Wakashio Okiyo Maritime Corporation de contester d’avance en novembre 2021 devant notre Cour Suprême la somme qui lui serait réclamée en demandant une limitation à seulement Rs 719 m.
Ne voulant pas attendre le gouvernement MSM, l’ONG Eco-Sud a, lui, déposé plainte en juillet 2023 contre le propriétaire du Wakashio, Okiyo Maritime Corp, Nagashiki Shipping Co Ltd, l’affréteur Mitsui O.S.K Lines Ltd et The Japan Shipowners Mutual Protection and Indemnity Association, l’assureur d’Okiyo Maritime Corp. Cependant, la Plaint With Summons (PWS) n’a jamais pu être servie, Eco-Sud ne sachant comment le faire par huissier aux quatre parties japonaises concernées. Ces dernières n’ont pas voulu nommer un représentant pour réceptionner les documents.  
L’ambassade aux Japonais absents
Les écologistes se sont donc tournés le 31 juillet 2023 vers l’ambassade du Japon à Maurice en lui demandant son aide pour signifier cette plainte aux parties concernées. Or, l’ambassade ne lui a ni répondu ni même transmis un accusé de réception. Un email envoyé par l’Express à l’ambassade le 8 août 2024 à ce sujet est demeuré également sans réponse.
Le plus étonnant : le 8 juillet dernier, le CEO de Mitsui OSK Lines Ltd, Hashimoto Takeshi, rendait une visite de courtoisie à Navin Ramgoolam. Sébastien Sauvage d’Eco-Sud souhaiterait savoir « comment cette visite trouve sa place dans la stratégie de poursuite et de demande de réparations des dommages subis à la suite du naufrage. Cela, alors qu’à ce jour, les responsables de cette tragédie n’ont rien fait pour faciliter les services des plaintes des différentes parties dont celle d’Eco-Sud. » Le militant écologiste souhaiterait aussi savoir où en est l’engagement du gouvernement à rendre public le rapport de la Commission d’Enquête sur le Wakashio.
Tout en précisant qu’à ce jour, l’huile lourde du Wakashio est toujours présente dans les mangroves de la région sud-est et que “les communautés et consommateurs sont à risque.” « Alors que nous avons souligné plusieurs fois la nécessité d’instaurer des mesures de précaution, nous nous rendons compte que rien n’est fait pour informer le public de cette situation et qu’aucune étude sur l’impact à long terme sur la santé n’a été faite. »
Les Rs 5,3 milliards et le silence de Me Mardemootoo
L’avoué Sivakumaren Mardemootoo du cabinet Dentons a fait mieux en déposant plainte et demandant indemnisation pour Rs 5,3 milliards dans cette affaire. Rien de moins ! Cela, au nom de 1 769 citoyens mauriciens, la plupart habitant dans le sud-est et qui ont subi des dommages lors du naufrage du Wakashio. Nous ne savons pas si Dentons a pu faire signifier sa plainte aux entités concernées. Sollicité en 2023 et hier le 22 juillet, Me Mardemootoo ne nous a pas répondu. Pourquoi ce silence ?