Le projet Powership, annoncé tambour battant par le ministre Patrick Assirvaden comme la solution miracle pour éviter les coupures d’électricité a fini par tomber à l’eau — ou plutôt à la mer, là où devait flotter cette fameuse barge turque ou autre.

Le 15 octobre 2025, le Deputy Prime Minister, Paul Bérenger, a lâché la nouvelle en conférence de presse : le ministre Assirvaden aurait lui-même informé le Cabinet que le Powership Project est “out”. Place alors au ‘black-out’ ?

Un appel d’offres électrocuté

En fait, apprend-on, les deux seules propositions venues des Emirats Arabes Unis ont été jugées non responsive : trop chères, trop polluantes …Bref, les mêmes défauts que les experts avaient dénoncés dès le départ. Et que le ministre Assirvaden avait superbement ignorées. Il justifiait le recours à cette solution polluante et coûteuse en clamant que « les turbines existantes sont trop vieilles et datent de plus de 25 ans. L’ancien gouvernement n’a rien fait en ce qui concerne la production d’électricité. » Arguments qu’il dit avoir sans cesse répétés lorsqu’il était dans l’opposition mais que nous n’avons pas retrouvés…

Le blackout qui n’existait pas

« Risque de black-out ! » Un discours rodé, repris par Bérenger qui toutefois ne voulait pas de station flottante mais exprimait sa préférence pour le gaz qatari ou le charbon des IPPs…

Le Prof. Khalil Elahee, expert en énergie, lui, soulignait qu’il n’existait pas de tel risque mais juste de coupures localisées en été, causées notamment par la multiplication des climatiseurs.

Mais pour Assirvaden, le drame énergétique devait absolument exister. Et la solution : une barge électrique “urgente” pour alimenter le pays “temporairement”.
Une urgence qui aura pris… neuf mois pour s’éteindre d’elle-même.

Flop international et voyage d’étude à Rs 700 000

L’appel d’offres lancé a accouché d’un flop international.
Les propositions des soumissionnaires émiratis dépassaient les limites environnementales et leurs coûts donnaient des sueurs froides jusqu’au bâtiment du Trésor. Pour le financement, Assirvaden promettait « l’aide des pays étrangers, notamment la Turquie. » Pays qu’il a d’ailleurs visité du 21 au 23 avril 2025 et qui a coûté Rs 700 000 aux contribuables mauriciens. Patrick Assirvaden défendait ainsi ces dépenses qui se sont révélées vaines : « C’était mon devoir de le faire avant de demander au pays de s’engager avec une barge pour quatre ans, cinq ans, avec une technologie que nous ne maîtrisons pas. »

Et maintenant que le projet censé fournir 100 MW supplémentaires est “out”, on fait quoi ?

Du Powership au “Power show”

On fait campagne de sensibilisation, lancée en grande pompe avec le nouveau “code couleur” : rouge, jaune, vert. Le ministre Assirvaden, en direct sur la MBC, a appelé à l’économie et ainsi, promettait-il, on repassera au vert “dans les minutes qui suivent”. Et miracle ! à la fin du JT, on était effectivement repassé au vert.

Joe Lesjongard: “La peur comme stratégie pour des raisons politique cachées”

Pour l’ancien ministre de l’Énergie, Joe Lesjongard : « Le gouvernement veut tout simplement faire peur à la population pour des raisons et un agenda politique cachés. Si vraiment on était dans la merde avec des risques de blackout, pourquoi le CEB n’a pas eu de General Manager pendant neuf mois ? » Tout en rappelant que, malgré le départ de Terragen, l’ancien gouvernement n’avait pas imposé de coupures massives ni même de délestage. A noter que Shamshir Mukoon a été nommé General Manager du CEB le lendemain de la conférence de presse de Bérenger.

Guerre de ‘courtiers’ ?

Résultat : le premier grand projet de Patrick Assirvaden finit en court-circuit, un projet “urgent” qui, neuf mois après, n’a même pas commencé.

La vérité est que le clan Bérenger voulait acheter du gaz du Qatar après la proposition mal digérée par la population de continuer avec le charbon des IPPs. Mais auquel il tient toujours car, disait-il, il n’y aura pas à investir dans de nouvelles infrastructures. C’est vrai mais il y a la pollution et l’importation du charbon en attendant le Waste to Energy.’

A savoir que c’est du même Qatar que le clan Bérenger attend le partenaire ‘stratégique’ pour sauver Air Mauritius. Ce qui a suscité une levée de boucliers de la part de Kishore Beegoo et d’une partie du gouvernement.

On ne sait pas sur combien d’autres sujets ces deux groupes dans le gouvernement se battront. Non pour aider notre pays mais pour défendre chacun les intérêts particuliers et parfois étrangers différents.

 

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