Les communiqués de la Banque de Maurice (BOM) continuent à pleuvoir. Ils ne concernent pas des informations importantes sur la politique monétaire ou le niveau de nos réserves en devises. Ni même celles tant attendues sur la MIC ou la Silver Bank. Non, ils ont trait à la suspension du président du syndicat des employés de la BOM Chidanand Rughoobar.
La Banque Centrale est entrée dans une guerre de communiqués, de déclarations et de mises au point avec Rughoobar, Gérard Sanspeur et Manou Bheenick. Ce qui consomme beaucoup de temps, d’énergie et d’argent à la BOM en paiements d’honoraires à ses hommes de loi. Et tout cela, dans une tentative de sauver … Rama Sithanen.
Dans son dernier long communiqué du 4 septembre, la BOM répond en public au ministre du Travail Reza Uteem pour faire savoir qu’elle ne se pliera pas à sa requête de lever la suspension du syndicaliste.
Anxious consideration
Il faut savoir d’abord que le principal reproche fait à Rughoobar est de n’avoir pas alerté sans délai la BOM de l’incident dans lequel il avait été impliqué le 13 juillet à Mahebourg. Or, même si le syndicaliste a produit la preuve qu’il avait alerté promptement le Second Deputy Governor d’alors Gérard Sanspeur à qui il répond, la BOM ou Rama Sithanen a décidé de ne pas la prendre en considération. Mais elle ne l’écrit pas expressément, choisissant plutôt de dire qu’after anxious consideration’ elle a décidé d’aller contre la recommandation du ministère du Travail. Ainsi après avoir sauté habilement cette étape cruciale de la preuve produite par le syndicaliste, la BOM va directement aux raisons pour lesquelles Rughoobar mériterait la suspension au cas où il n’aurait pas averti promptement la direction de l’incident ! Et quelles sont ces raisons ?
L’accusation provisoire de ‘Rogue and Vagabond’, écrit la BOM, mise par la police contre Rughoobar est jugée trop sérieuse surtout que l’accusé a été arrêté, détenu en cellule policière et libéré contre caution. Si l’on comprend bien, les accusations proférées par Gérard Sanspeur à la FCC contre Rama Sithanen pour notamment trafic d’influence et conflit d’intérêt impliquant des millions, elles, ne sont pas si sérieuses que cela puisque le gouverneur n’est pas tombé sur un policier surexcité comme le constable Jugasingh de la station de Mahébourg.
Deuxième raison avancée par la BOM pour ne pas suivre la consigne du ministère du Travail est que Rughoobar est accusé d’avoir utilisé des mots obscènes à l’adresse du policier Jugasingh. À noter que dans le 1ᵉʳ communiqué du 25 août, la BOM parlait de l’usage de mots obscènes en public et non contre le policier. Mais cette incohérence n’est sans doute pas très grave…
Modèle d’éthique
Une simple allégation suffit-elle à suspendre un employé ? Normalement non mais à la BOM de Sithanen oui. D’ailleurs, le communiqué ajoute prudemment mais maladroitement que ce n’est que si l’accusation est prouvée – par une cour de justice, présume-t-on – que Rughoobur aura violé trois « importants » règlements de la BOM. À savoir, quand la conduite de l’employé aura négativement impacté la bonne réputation de la BOM, quand l’employé aura failli à son devoir de se conduire avec respect et courtoisie envers le public et quand il n’aura pas agi comme un modèle même de comportement éthique dans la société. Bref, comme les modèles Rama et Tevin Sithanen ?
La BOM rappelle qu’elle a déjà suspendu des employés qui avaient violé ces règlements. Qui ? On ne le sait sauf Jitendra Bissessur qui en fait n’a pas été suspendu mais a été directement licencié pour des fautes très graves commises à la subsidiaire de la BOM, la MIC.
Le communiqué s’appuie sur un autre argument pour maintenir la suspension de Chid Rughoobar : contrairement à ce que celui-ci a déclaré, la BOM aurait découvert qu’il n’a jamais déposé plainte à l’IPCC et à la National Human Rights Commission (NHRC) contre les policiers dont Jugasingh pour agression. Or, nous sommes en présence de la référence (418255) de cette déposition. Nous attendons la réponse des autorités concernées.
Il est clair que si la BOM avait obtenu confirmation de cette agression dont a été victime Rughoobar, toute l’affaire de charge provisoire et de suspension se serait écroulée. C’est donc plus commode pour la BOM de faire comme si elle n’était pas au courant de cette pièce maitresse ?
Cependant, le meilleur de la part de Sithanen, de ses avocats et de son responsable de ressources humaines viendra en fin du communiqué. Nous le reproduisons texto car digne de figurer dans le manuel des entreprises qui veulent se débarrasser d’un syndicaliste : « In light of the above, and being given that it has no say in the matter, the Bank hereby urges Mr Rughoobar, through his counsel, to make representations to the relevant prosecution authorities to expedite their decision-making process regarding him, with a view to a speedy disposal of the matter … »
En d’autres mots, la BOM demande à Rughoobar de faire tout son possible auprès de la police, du bureau du DPP et de la cour pour que l’affaire soit entendue le plus vite possible et le syndicaliste condamné ou acquitté.
Rughoobar n’aura qu’à s’en prendre à lui-même si la justice prend tout son temps pour traiter le dossier du dangereux criminel qu’est Chidanand Rughoobar. Vite, que les lois et la Constitution soient amendées s’il le faut pour permettre à un accusé d’obtenir justice le plus vite possible !
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