L’addition grossit de jour en jour pour les Jagai. L’ancien patron de la SST est accusé provisoirement de « Public Official using office for gratification » pour avoir illégalement recommandé des paiements à des policiers ou informateurs à la suite de fausses réclamations de récompenses pour un montant total de Rs 83,1 m. Son fils Allysaheb, lui, est inculpé de blanchiment d’argent.

La FCC est en voie maintenant de mettre au jour un deal papa-piti et un lien entre les deux affaires. Elle soupçonne Ashik Jagai d’avoir lui-même bénéficié illégalement de Reward Money et d’avoir canalisé cet argent sale vers son fils pour être blanchi dans les sociétés de ce dernier.

Mais il y plus. La FCC a découvert que dans une de ses sociétés, Ziya Property Development Ltd, Allysaheb a comme partenaire Steven Moothoocurpen. Celui-ci fait déjà l’objet d’une accusation par la FCC de blanchiment d’argent provenant d’un narcotrafic à l’international dans l’affaire du Britannique Moriarty. Moothoocurpen était en liberté conditionnelle. Jusqu’à hier 17 septembre…

Reward Money investi

Poussant leurs investigations plus loin, les enquêteurs de la FCC ont appris que Ziya Property Development Ltd a acquis un terrain à Balaclava d’une valeur de Rs 2 m et deux autres à Mare Longue d’une valeur de MUR 4 m chacun. Ces acquisitions auraient été faites durant une très courte période. Pour cette raison et d’autres, la FCC soupçonne Allysaheb et Moothoocurpen ainsi qu’Ashik Jagai d’utiliser du Reward Money détourné à des fins de blanchiment.

Pour boucler la boucle, la FCC a donc arrêté hier 17 septembre Steven Moothoocurpen et l’a provisoirement inculpé de blanchiment d’argent, la FCC soupçonnant l’argent utilisé pour ces acquisitions de provenir d’activités criminelles.

Quant à Ashik Jagai, sa connexion avec Steven Moothoocurpen fait penser que le Reward Money qu’il avait autorisé et qu’il se serait auto-octroyé illégalement pourrait avoir servi au financement de … trafic de drogue. Un comble pour celui qui se disait le champion du combat contre le narcotrafic.

Ce schéma auquel est arrivé la FCC avait déjà été suggéré par Bruneau Laurette.

Jagai en toute liberté

Ce n’est pas fini pour le SP suspendu. Ou plutôt ce n’est que le commencement d’une descente aux enfers. En liberté conditionnelle, il a le 8 septembre rencontré ce même Steven Moothoocurpen dans un restaurant à Moka. Aussi, il a tenté le 9 septembre d’intimider un comptable qui est témoin dans l’affaire de blanchiment d’argent impliquant son fils Allysaheb. Le SP fait donc l’objet d’accusations supplémentaires d’avoir interféré avec des témoins dans une enquête de blanchiment d’argent en violation de l’article 142 de la FCC Act. Il aurait tenté de sauver son fils en manipulant les preuves et des témoins.

Comme-ci tout cela n’était pas assez grave, Ashik Jagai avait aussi le 5 septembre, pendant qu’il était en liberté provisoire, comploté avec Mohammad Shameem Jaunmahomed, le Manager de la MCB de la Rue Desforges, pour débiter de Rs 800 000 le compte de son fils Allysaheb qui est en détention et transférer la somme au compte d’un marchand ambulant résidant à Vallée Pitot.

La manager n’avait pas le droit d’autoriser un retrait du compte de quelqu’un, en l’occurrence Jagai Jr, sans la signature de ce dernier. Le marchand ambulant, qui n’aurait pas été conscient de l’illégalité de son acte, est maintenant poursuivi pour complicité de blanchiment d’argent, tout comme le banquier.

Contrairement à la SBM, c’est la MCB qui avait promptement et spontanément alerté la FCC et la FIU de cette transaction plus que douteuse même si c’était au prix de l’inculpation de son manager.

Bon ou mauvais père ?

Etant déjà en détention, Ashik Jagai repassera donc bientôt au Triangle du Réduit, puis au tribunal pour être inculpé. Il sera probablement incarcéré indéfiniment après ces trois violations de sa liberté provisoire. Sa vaine tentative de retrait de Rs 800 000 du ‘butin’ pour sauver son fils, qu’il a mis dans de sales draps, lui coûtera cher.

Les inculpations s’additionnent pour celui qui accusait Laurette de trafic de drogue et l’avait fait emprisonner pendant quatre mois.

« Karma » nous dit tout simplement Bruneau Laurette.

 

“Ashik Jagai, menotté, a aggravé son cas et celui de son propre fils”