C’est Paul Bérenger qui aurait été à l’origine du grand déballage fait par Nasser Bheeky. On vous explique comment

Maminiaina Mamy Ravatomanga avait pris l’avion pour venir à Maurice avec probablement pour objectif de se rendre ensuite à Dubaï. Le businessman malgache, qui détient jusqu’ici des placements estimés à plusieurs milliards de roupies à Maurice, pensait qu’il ne serait pas inquiété sur le sol mauricien. D’ailleurs, la rapidité avec laquelle son jet privé a obtenu l’autorisation d’atterrir à Plaisance et les passagers de débarquer laisse penser qu’il dispose de solides contacts à Maurice.

Gilbert Noel, membre du conseil d’administration de Jet Prime, est même allé l’accueillir à l’aéroport à une heure du matin. Cela, alors qu’il est aussi l’avoué de Ravatomanga. Rien que sa présence à l’aéroport n’a-t-elle pas exercé une influence sur les autorités aéroportuaires ? Pour toute réponse, Gilbert Noel a choisi de démissionner du board de toutes les compagnies d’AHL.

Mais revenons à Paul Bérenger. Apprenant cette arrivée le matin du 12 octobre, il n’a pas caché sa colère car il n’avait été ni consulté ni même informé de cet atterrissage de ces VVIP malgaches fuyant un pays en pleine crise. Cependant, un ordre aurait été donné aux autorités concernées de surveiller les mouvements de Mamy Ravatomanga et d’enquêter sur sa fortune. En conférence de presse le 15 octobre, Bérenger parlera des milliards de Ravatomanga à Maurice.

Enquête discrète

Comme Scoop.mu l’a révélé, un deuxième jet privé, un Embraer Legacy 650E de la compagnie VistaJet, était déjà en attente à Plaisance pour participer à l’exfiltration de l’ex-président malgache Andry Rajoelina de l’Ile de la Réunion vers Dubaï. Mais il y a eu un troisième avion qui a atterri tout aussi discrètement à Plaisance peu après dans le but d’embarquer Mamy et l’emmener à Dubaï ou en Côte d’Ivoire.

Lors de sa conférence de presse du 15/10, Bérenger a précisé que sans plainte formelle, le gouvernement ne pouvait légalement empêcher Mamy Ravatomanga de quitter le pays. Son appel semble avoir été entendu : un ressortissant malgache déposera une plainte officielle auprès de la FCC contre le businessman. Rapidement, la FCC émet un report upon departure contre l’homme d’affaires, compromettant ainsi son plan de départ.

Entre-temps, les autorités malgaches ont pris les devants en présentant un mandat d’arrêt international contre Mamy et en chargeant l’ex-magistrate Fanirisoa Ernaivo de transmettre des preuves de possible enrichissement illicite, de blanchiment d’argent et de corruption, entre autres.

Rencontre sous surveillance

Selon nos informations, une fois à Maurice, Ravatomanga aurait tenté via son bras droit, Christian Thomas, proche du PTr de convaincre la FCC de le laisser quitter le pays.

Dans ce contexte, Mamy rencontrera le commissaire de la FCC Junaid Fakim, qui, à son tour, aurait solliciter le directeur de la FCC pour “trouver une solution” à ce dossier. Parmi les personnes présentes à cette réunion, Nasser Bheeky, lui aussi proche du PTR.

Les négociations n’ont finalement pas abouti car, informé par les services de renseignement des tractations en cours, Bérenger aurait mis le holà.

Volte-Face de Bheeky

Selon nos informations, les protagonistes, ayant appris que Bérenger avait été mis au courant de la rencontre, ont aussitôt tenté de se dédouaner.

Alerté de la découverte de cette rencontre qui se voulait secrète à Quatre Bornes, Mamy s’est réfugié dans une clinique privée. Et c’est ainsi que la FCC décidera de procéder à son arrestation directement à la clinique — une première dans l’histoire judiciaire mauricienne. Tentative de se racheter après la bourde d’avoir pris part, même indirectement, à la réunion ? La question reste ouverte.

La FCC a également arrêté le chauffeur de Mamy, Christian Thomas, présenté comme l’instigateur de la rencontre, et Nasser Bheeky. Ce dernier après avoir appris que des développements graves sont attendus dans cette affaire, aurait essayé de se dédouaner en allant rapporter au PMO la rencontre qu’il a lui-même organisée ou facilitée entre le commissaire Junaid Fakim de la FCC et Mamy. Puis, il a essayé de quitter le pays avant d’être intercepté par la FCC, arrêté et mis en détention.

Coup de tonnerre au Réduit Triangle

Depuis, Junaid Fakim a démissionné de son poste de commissaire de la FCC. Selon nos informations, il sera interrogé under warning et risque même une arrestation.

Et maintenant, une question se pose : qu’adviendra-t-il du directeur de la FCC Sanjay Dawoodharry ? Car il serait lui aussi impliqué dans ces tractations.

Or, hier 27 octobre, tard dans la soirée, Sanjay Dawoodharry a fait une déclaration à la presse en vantant son bilan mais en ne répondant pas directement aux allégations de son implication dans l’affaire Ravatomanga. Il ajoutera même qu’il continuera sa lutte contre la corruption. Ce qui veut dire qu’il restera en poste ?

En tout cas, Mamy Ravatomanga et ses acolytes ont oublié un détail avant de venir à Maurice : c’est Paul Bérenger qui était Premier ministre par intérim au moment de l’atterrissage de son jet privé et lors de sa tentative de quitter le territoire.

Certains estiment que si Bérenger n’était pas aux commandes, peut-être que Mamy Ravatomanga aurait déjà pu quitter le pays avec la bénédiction éventuelle de la FCC, avec laquelle il a tenté de négocier. Et quand l’on négocie, surtout avec un richissime homme d’affaires, on devine la nature des contreparties …

 

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