Il n’y a pas que le Reward Money qui est détourné par certains policiers. Nous avons parlé d’extorsions, de chantage et de plantings que subissent de simples membres du public qui n’ont rien à faire avec le trafic de drogue. Il existe d’autres sources d’enrichissement.
Comme les lois sur le blanchiment d’argent qui permettent aux ripoux d’exercer d’autres genres de ponction des narcotrafiquants. Ainsi, par exemple, si lors d’une saisie de drogue Rs 800 000 sont également découvertes, les policiers en prélèveront Rs 400 000 en expliquant au trafiquant qu’ainsi il ne sera pas poursuivi sous la FIAMLA. (La limite de liquide qu’une personne peut détenir est de Rs 500 000, sauf si la personne a une excuse valable.) On lui fait croire qu’on lui rend service ! Certains trafiquants y croient mais la plupart savent que c’est tout simplement du ‘vol.’
On se souvient de cette vidéo montrant les agents de police comptant des billets de banque dans une maison à Rivière-Noire. On raconte aussi qu’une forte somme en devises étrangères avaient été « saisies » chez les frères Gurroby en 2021 … Avec ce genre d’arrangement, il n’y aura en principe pas d’accusation de trafic de drogue ni même d’arrestation et tout s’arrêtera là. Sinon, le trafiquant ‘volé’ risque de parler.
Black Fund et drogués-indics
Bien sûr, cet argent retenu est partagé parmi les hauts-gradés policiers. Dont certains toucheront de surcroit le Reward Money, comme le disait Bruneau Laurette. Toutefois, une partie de cet argent sale ira renflouer un fonds secret, appelé Black Fund, qui est conservé sous clé à la station. Il existerait même un livre de compte où les entrées et sorties sont enregistrées. Les sorties d’argent servent à financer des fêtes où toute l’équipe se régale. Cela, pour faire oublier que les grosses sommes n’ont profité qu’à quelques-uns.
Le Black Fund sert aussi comme un petit fonds de Reward Money géré par l’équipe et d’où est puisé des petites sommes pour payer les informateurs d’avance. Ce sont les véritables indics qui sont pour la plupart des toxicomanes auxquels les flics remettent parfois quelques doses de stupéfiant dont ils s’en satisfont parfois en ne réclamant qu’une petite somme d’argent. Le toxicomane ne se montre normalement pas exigeant car sinon, au cachot !
Shopping around et nouvelles unités
Toutefois, certains de ces toxicomanes-indics sont plus malins surtout ceux qui lisent les journaux et sont au courant des millions mis à la disposition de la police pour les récompenser. Ils contactent de simples agents avec lesquels ils négocient. S’ils ne sont pas contents du montant de récompense proposé, ils contactent une autre unité.
Car depuis l’arrivée de Dip à la tête de la force policière, l’ADSU a eu d’autres concurrents comme la PHQ Special Striking Team (SST), la Special Intelligence Cell (SIC) de la SSU, la Divisional Crime Intelligence Unit et le Flying Squad qui, bien qu’existant auparavant au sein de l’ADSU, obtiendra son autonomie sous Dip.
On le sait maintenant, ces nouvelles unités ont été mises sur pied pour permettre d’avoir accès au Reward Money, pas pour diminuer la quantité de drogue sur le marché. Les promotions rapides accordées aux responsables de ces nouvelles unités permettront la réclamation de la prime.
Lost in transit et quartiers chauds
Voyant comment les chefs s’amusent avec le Reward Money et autres vols, certains petits policiers sur le terrain tendent eux-aussi à réclamer injustement des récompenses. On nous explique comment : « pour les petites saisies, la plupart sont faites lors des patrouilles. Les policiers repèrent facilement un trafiquant. » Or, même en l’absence d’informateur, le chef d’équipe fera une déclaration (OB) qui commencera par ‘ Following reliable information received …’ juste pour pouvoir réclamer la récompense à être remise supposément à l’indic ! Comme le font d’ailleurs les autres unités.
Si le policier a droit personnellement à la prime, il préfère parler d’informateur pour pouvoir négocier une bonne récompense de la hiérarchie en disant que c’est l’indic qui est exigeant, pas lui. Et que si l’on ne remet pas le montant réclamé, eh bien, l’indic ira voir une autre unité plus généreuse.
Car la hiérarchie fait beaucoup de difficultés aux petits policiers, surtout de l’ADSU. Si avec l’affaire des Rs 160,3 m de Reward Money, le montant a été versé par chèque au compte de Dunraz Gungadin, la procédure est tout autre pour le policier de l’ADSU qui réclame une récompense. Après la demande et l’approbation, le paiement est fait en liquide et transmis au policier dans une enveloppe par un autre policier. « Presque jamais le montant réclamé est payé » nous dit un membre de l’ADSU. « Pour une réclamation de Rs 20 000 par exemple, seulement Rs 2 000 peuvent être remises. » Et d’ajouter « Nous ne savons pas si les Rs 18 000 ont été retenues en haut lieu ou ‘lost in transit’ ni combien a été réclamé officiellement. »
Ces agents de l’ADSU prennent pourtant des risques en patrouillant les quartiers chauds où ne s’aventurent guère les SST et autres nouvelles unités. Pourtant, ce sont en ces endroits comme Batterie-Cassée que la drogue fait le plus de ravages, surtout les drogues synthétiques. Or, justement, la faible valeur marchande de ces drogues n’intéressent pas ces autres unités car rapportant de faibles récompenses ! Encore une exclusion ?
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