Le retard de Jyoti Jeetun à procéder à la nomination d’un nouveau responsable y provoque le chaos. Le secrétaire est accusé d’usurpation de rôles, de harcèlements et d’autres joyeusetés
Le Bureau de l’Ombudsperson for Financial Services (PFS) est une institution qui écoute les plaintes des membres du public adressées contre leur banque ou autre institution financière. Or, ses propres employés n’ont personne pour écouter leurs doléances, face au secrétaire de l’institution, Shaykh Fayyaaz Rengony, qui leur fait voir de toutes les couleurs.
Non seulement le jeune Rengony a décidé que c’est lui le boss, mais ce faisant il empêche Arzeenah Lalmahomed, la responsable du département légal et d’investigation, de faire son travail. C’est ce que l’on peut lire dans une Mise en Demeure (MED) rédigée par l’avouée Zahraa Elahee et servie le 23 juin par Lalmahomed à Rengony, mais aussi au ministère de tutelle et à d’autres autorités.
Arzeenah Lalmahomed y accuse Fayyaz Rengony d’avoir bloqué son accès à son email de travail depuis mars 2025, ce qui l’empêche de prendre connaissance de correspondances importantes venant notamment de la Cour Suprême. Rengony lui a également refusé l’accès à la base des données de l’institution. Même les dossiers physiques ont été interdits à Arzeenah. Et si cette dernière a pu obtenir un dossier pour examen, Rengany le lui arracherait violemment des mains.
Toujours selon la MED, Rengony serait même allé jusqu’à couper l’accès internet à Lalmahomed et au système PABX. D’autres tracasseries auraient été faites et qui semblent dépasser le souci d’économiser les ressources de l’OFS. Et c’est sans compter d’autres « persécutions, harcèlements et ‘violence at work’ » de la part de Rengony, dit la MED. Conséquence : ce sont les membres du public qui sont pénalisés, affirme Lalmahomed qui rappelle que des centaines de plaintes demeurent toujours en suspens.
Une ministre pas obéie !
Le plus grave, c’est qu’en dépit de la demande du Secrétaire Permanent du ministère des Services Financiers le 4 avril et de celle de la ministre Jeetun elle-même le 2 mai, Rengony refuse de rétablir l’accès de l’avocate à son mail et aux dossiers. En attendant, dit une Lalmahomed visiblement désemparée dans la MED, Rengony a complètement usurpé ses pouvoirs. C’est lui, dit-elle, qui se permet de donner des avis légaux et même de recommander des amendements législatifs à apporter. Cela, alors qu’il n’est pas qualifié légalement.
Selon une autre cadre de l’OFS que nous avons contactée, l’avocate est la personne idéale pour gérer les nombreuses plaintes déposées par les clients des banques et autres institutions financières en l’absence d’un Ombudsperson. Notre interlocutrice nous dit subir elle aussi les harcèlements de Rengony. Elle a plusieurs fois rapporté ce dernier à la police et au ministère du travail, entre autres. Mais rien n’a été fait.
Cependant, l’organigramme de l’institution (Voir photo) montre qu’il n’existe pas une personne pour remplacer l’Ombudsperson mais deux, en l’occurrence les deux cadres actuellement en conflit. On nous fait savoir que c’est Rengony lui-même qui aurait modifié l’organigramme pour se hisser au niveau de l’avocate.
Certains se demandent si ce désordre n’est pas motivé par le besoin de protéger certaines institutions financières qui, rappelons-le, sont très puissantes à Maurice. Contacté, le ministère de Jyoti Jeetun ne nous a pas encore répondu. Fayyaz Rengony ne veut pas commenter. Arzeenah Lalmahomed, non plus.
