Sans crier gare, la Financial Crimes Commission (FCC) a le 30 juillet effectué une descente à Morcellement St André au domicile de Chetan Singh (Rajiv) Ramcharitar, Senior Relationship Manager à la Silver Bank. Toutefois, ce dernier n’était pas chez lui mais à l’étranger. Une perquisition a quand même eu lieu et divers documents et équipements ont été saisis.
Ramcharitar est rentré au pays hier 31 juillet venant de New Delhi. Les agents de la FCC l’ont cueilli à sa descente d’avion pour l’emmener directement au Réduit Triangle pour être interrogé à propos des prêts toxiques de Rs 7,6 milliards accordés par la Silver Bank. Il a été arrêté sous une accusation de ‘Conspiracy to Defraud the Silver Bank’ et placé en détention.
C’est lui qui était le point de contact à la Silver Bank avec les 30 sociétés fictives bénéficiaires de ces prêts. C’est lui qui montait les dossiers, vérifiait les documents, avant de les soumettre à la direction pour approbation. Même si Ramcharitar dit qu’il agissait sous les ordres du CEO de l’époque, le Géorgien Vasil Revishvili, il pourra difficilement prétendre qu’il ne savait pas que ces prêts sortaient de l’ordinaire et que l’argent allait disparaitre. Rien qu’à voir la vitesse à laquelle ces sociétés avaient été mises sur pied, cela aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Avait-il effectué l’exercice de KYC ? Et la Due Diligence ?
Voyages à Dubaï
Après la fuite de Vasil Revishvili, il ne subsistait à la Silver Bank que Rajiv Ramcharitar et au moins une autre personne pour expliquer comment les Rs 7, 6 milliards ont été prêtées à perte par cette banque. Dira-t-il toute la vérité ou s’obstinera-t-il à garder le silence comme beaucoup d’autres protagonistes dans cette affaire et dans les autres scandales financiers ?
Il faut aussi savoir qu’après le départ en février 2024 de Vasil Revishvili, c’est Rajiv Ramcharitar qui a été choisi comme Officer-in-Charge de la banque. Cela, juste avant la mise sous ‘Conservatorship’ de Silver Bank par la Banque de Maurice (BOM). Dans la foulée, Ramcharitar a aussi été nommé membre du conseil d’administration !
Le plus troublant, Ramcharitar aurait continué à communiquer avec Prateek Gupta, selon nos informations, et cela même en plein Conservatorship ! Et il a continué à voyager fréquemment aux frais de la Silver Bank en faillite. Ramcharitar disait qu’il allait réclamer le remboursement des prêts à ces clients pourtant fictifs à Dubaï et ailleurs. On soupçonne qu’en fait, il allait régler d’autres affaires et rencontrait Prateek Gupta en douce.
Protection occulte
Mais qui Ramcharitar a-t-il rencontré en Inde ? Le nom de l’Indien Ritesh Chanaini, ex-cadre de la Silver Bank qui a pris la poudre d’escampette lui-aussi, revient sans cesse dans cette affaire. Tout comme dans l’arrestation, toujours dans l’affaire Silver Bank, de l’autre Indien Rajiv Barnard Madi George, employé d’Afri Life. Son avocat Me Rouben Mooroogapillay a enfin pu demander et obtenir sa libération aujourd’hui, 31 juillet.
En attendant, les épargnants mauriciens de Silver Bank, eux, demandent en vain des explications au sujet de leurs économies empochées par Prateek Gupta. Les lettres adressées par l’un d’eux, Gérard Portalis, sont restées sans réponse d’Arvindsingh Gokhool et même de Rama Sithanen. Celui-ci semble avoir placé toute sa confiance en Gokhool qui avait pourtant été nommé Conservateur par l’ancienne direction de la BOM.
Si Ramcharitar se met à table face aux enquêteurs de la FCC, on saura non seulement qui tirait les ficelles mais aussi qui sont ceux qui ‘protégeaient’ Prateek Gupta. Car malgré les sonnettes d’alarme tirées notamment par l’express, la Banque de Maurice et le gouvernement MSM n’avaient rien fait. D’ailleurs, Ramcharitar se sentait lui aussi protégé. Jusqu’au 31 juillet.