L’enquête menée par la Financial Crimes Commission (FCC) sur les détournements de fonds liés au programme de Reward Money au sein de la haute hiérarchie de la police, prend une nouvelle tournure. Après l’arrestation de l’Assistant Commissionner of Police (ACP) Dunraz Gungadin, l’étau se resserre désormais autour de l’ancien Commissaire de Police, Anil Kumar Dip, dont l’audition under warning est prévue dans les jours à venir.
Selon des sources bien informées, les longues heures d’interrogatoire auxquelles a été soumis l’ACP Gungadin ces derniers jours ont permis aux enquêteurs d’établir un lien direct avec l’ex-commissaire. Le haut gradé de la police aurait clairement indiqué que le déblocage de plusieurs millions de roupies provenant des fonds alloués aux informateurs ne pouvait être effectué sans l’approbation préalable du Commissaire de Police en poste à l’époque, soit Anil Kumar Dip.
Dunraz Gungadin a été arrêté le 24 juillet dernier a déjà passé une semaine en cellule policière. Il est accusé d’avoir utilisé son compte bancaire personnel pour gérer des fonds publics destinés à récompenser les informateurs entre janvier 2023 et octobre 2024. La police lui reproche notamment d’avoir manqué aux procédures et aux obligations liées à la gestion de fonds publics sensibles.
Hier, il a été présenté en cour intermédiaire de Port-Louis. Il y reviendra le 7 août pour le débat sur sa motion de remise en liberté. Sa comparution a attiré l’attention de plusieurs observateurs, dont l’activiste Bruneau Laurette, présent aux abords de la cour.
Shy Guy et Pommes de haine
Ce dernier a qualifié l’ACP de “Shy Guy”, une manière ironique de souligner que l’homme, qui se sentait fort dans son uniforme, se dit maintenant si intimidé au point de faire des dépositions pour actes d’intimidation. « Kan li ti ena so l’uniforme, li ti pe fer l’arrogant. Aster, li pe kouma enn ti timide » a lancé Bruneau Laurette à la presse.
À son arrivée devant la cour, un incident s’est produit. Shameem, plus connu sous le surnom “One and Only”, a tenté de lancer des tomates pourries sur l’ACP pour exprimer son indignation. Ce citoyen bien connu pour ses prises de position publiques a été rapidement maîtrisé par les policiers présents, évitant ainsi un débordement plus grave.
Mais au-delà des déclarations et des arrestations, une question fondamentale taraude désormais l’opinion publique : les quelque 160 millions de roupies soupçonnées d’avoir été détournées pourront-elles être récupérées ? Bien que des sanctions pénales soient nécessaires, il est plus important de récupérer ces fonds publics. Scoop.mu vous révélait dans un article précédent que la majeure partie de ces fonds est partie à l’étranger.
A souligner que ce sont des fonds provenant du budget national, de l’argent des contribuables, affectés à une mission précise : motiver les sources et les informateurs dans la lutte contre le trafic de drogue, entre autres. Pas pour enrichir Gungadin ou d’autres hauts-gradés de la police.
