L’ex-commissaire de police est soupçonné par la FCC d’avoir entre mai 2022 et octobre 2024 été trop généreux avec l’argent public en autorisant des paiements de Reward Money d’un montant total de Rs 198 m. Il a été arrêté hier le 23 septembre et mis en cellule. Comme un vulgaire délinquant ! Il fait face à deux charges provisoires de « public official using office for gratification » sous la PoCA et la FCC Act. Il aurait favorisé trois sections de la police qu’il avait créées spécialement pour le combat contre la drogue et …pour toucher les primes.
Quelle sera la défense d’Anil Kumarsing Dip ? On en a eu une idée après l’interview qu’il avait candidement accordée à la MBC le 8 août dernier.
Il y reconnaissait d’emblée avoir approuvé le déboursement des récompenses douteuses. Et, raisonneur, se justifiait ainsi : « si moi mo pa pou approuve sa, ki sane la pou approuve sa ? » Tout en renvoyant la réelle responsabilité au département des finances qui émet les chèques, à l’Internal Control Unit et le DCP Administration (Krishna Jhugroo, ndlr) « qui n’ont jamais attiré mon attention sur quelque maldonne » a-t-il plaidé.
Dip les bons tuyaux
Dans cette interview, Dip affirmait de plus qu’il ne connaissait jamais l’identité des informateurs et, plus surprenant, qu’il ignorait même l’identité du haut-gradé de la police ou du ‘handler’ qui touchait le chèque ou/et payait les indics !
Avec un CP pareil, c’était la fête aux Casernes Centrales ! Sauf que la FCC, elle, ne croit pas en un commissaire qui ne sait rien. D’ailleurs, l’ASP Bahadoor contredira Dip en déclarant le 18 septembre à la FCC que les tuyaux étaient parfois fournis par Dip lui-même. Et c’est cet épisode qui aurait probablement valu à l’ex-CP de recevoir un « summon » en bonne et due forme de la FCC et auquel il n’a pu se dérober comme il l’avait fait pour l’enquête judiciaire sur la mort de Jacquelin Juliette.
Mais revenons à l’interview. Savait-il que de fausses saisies de drogue avaient eu lieu dans ces fameux terrains en friche où il n’y a jamais personne, et surtout pas de trafiquants, qui, s’il y en avait, arrivaient toujours à s’évader en tirant en l’air, à l’exception bien sûr, des Bruneau Laurette, Akil Bissessur etc. qui eux, se faisaient prendre en flagrant délit ? Et que parfois ces drogues saisies sont réutilisées pour d’autres fausses saisies ? Réponses de Dip : « Je n’en ai aucune connaissance » puis se contredisant : « je ne peux divulguer les détails de ces opérations. »
Police surveillée par les narcotrafiquants
Dip justifiait la quasi-absence d’arrestation ainsi : « parfois on surveille le trafiquant. Mais le trafiquant nous surveille aussi… On ne peut pas attendre éternellement, on prend les colis et on rentre. » Car le véritable objectif de la police, s’interroge Dip en bon père de famille, « n’est-il pas de mettre la main sur la drogue pour qu’elle n’affecte pas nos jeunes ? ». La journaliste en était restée bouche bée. Si l’on comprend bien l’ex-CP, l’important c’est la camelote, pas le trafiquant même si ce dernier peut recommencer son business.
Et les Jagai, Gungadin, et autres Mooniaruth qui ont obtenu des promotions fulgurantes et qui sont maintenant en prison ? lui demande la journaliste Lovina Sophie. Et là, Dip ne veut plus causer, car, réalise-t-il soudain, « il y a une enquête en cours ! »
Si Dip répond ainsi aux enquêteurs de la FCC, les services du SC Ivan Collendavelloo ne lui seront d’aucune aide, nous dit un avocat. Car « c’est mal parti pour l’ex-CP. » Et d’expliquer : « au cas où l’on ne puisse prouver que Dip a profité lui-aussi de ses largesses avec le Reward Money, il suffirait qu’un des policiers accusés reconnaisse qu’il en a injustement obtenu soit personnellement soit pour être remis à un informateur pour que l’ex-CP se retrouve en difficultés. » L’avocat nous rappelle que l’article 22 de la FCC Act stipule que « any public official who makes use of his office or position for a gratification for himself or another person shall commit an offence. »
« Fer li gagne gout la »
Les indices fournis par Missier Moustass nous a permis de découvrir le « true face » d’Anil Kumar Dip. Tout sortait de sa bouche : jurons, insultes, racisme, blasphèmes, menaces. Dans une des bandes sonores, on pouvait l’entendre traiter le décès de Jacquelin Juliette avec mépris et même avec humour. Dans une autre, il ordonnait d’emprisonner Adrien Duval « dan Al Acatraz, fer li gagne gout la. » Au tour de Dip d’y goûter.
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