Que des coïncidences !

Dès le premier mois du mandat du nouveau gouvernement, Patrick Assirvaden avait commencé à parler de la nécessité de renouveler les centrales électriques du CEB et des producteurs indépendants. Il y avait risque de délestages, disait-il. Et il y en a eu par la suite, donnant raison à Patrick Assirvaden ! Des rumeurs venant du CEB veulent que ces délestages avaient été ordonnés et n’étaient pas justifiés…

Autre coïncidence, le ministre Assirvaden est allé en Turquie il y a une ou deux semaines de cela- les dates de son séjour ne sont pas précisées dans le communiqué du conseil des ministres du 9 mai 2025- où il a rencontré justement le ministre de l’Energie et le vice-ministre du transport et des infrastructures turcs. Selon le communiqué, « The Minister provided an overview of the energy sector of Mauritius and the critical energy challenges being faced, notably in terms of demand-side management following substantial increase in peak demand and the looming shortage of power supply. »

A son retour de Turquie, Patrick Assirvaden a annoncé le 8 mai que « pour prévenir un éventuel blackout -coupure générale – dans les mois à venir, le gouvernement prévoit de recourir à des ‘powerships’. » Tout en soulignant que tout sera fait dans la transparence.

Patrick Assirvaden a rappelé également qu’il avait souvent demandé en vain au gouvernement précédent s’il ne fallait pas remplacer les turbines qui arrivaient en fin de vie. Sauf que nous n’avons pas retrouvé de telles demandes au parlement.

5 ans de transition

Et concernant l’objectif déclaré de ce gouvernement d’entrer de plain-pied dans la transition énergétique, Patrick Assirvaden a tenu à rassurer : « Sécurité énergétique avant, transition énergétique après. » Mais après 5 ans ? Car selon lui, le contrat pour l’utilisation d’un Powership sera pour une durée de 5 ans.

Pourtant, le professeur Khalil Elahee, éminent spécialiste en matière d’énergie, affirmait en février dans le journal Le Défi que « les coupures fréquentes observées récemment ne sont pas dues à un déficit global, mais plutôt à une surcharge locale » car « lorsque trop de climatiseurs sont installés dans une zone, la charge dépasse la capacité des lignes de distribution. » Le 29 décembre 2024, il écrivait ceci dans l’express : « le pire qu’il puisse arriver serait un délestage qui pourrait être parfaitement géré, sans grande conséquence, y compris pendant un jour de semaine aux heures de pointe durant une vague de chaleur qui frapperait le pays cet été. » Tout en ajoutant « il suffit d’innover dans notre contexte actuel en concevant un business-model approprié pour une vraie révolution photovoltaïque sur les toits de nos bâtiments. »

Dhirajsing Rughoo, enseignant à l’Université des Mascareignes, avait démontré dans une étude publiée en juillet 2023 qu’il est tout à fait possible et même souhaitable que les ménages produisent leur propre énergie en installant des panneaux photovoltaïques (PV) sur le toit de chaque maison ou du moins, chez ceux qui le veulent.

Manifestement, le gouvernement préfère la production d’énergie centralisée en utilisant le carburant importé. Et très polluant, comme ce sera le cas avec le ‘Powership’ qui brûlera de l’huile lourde.

On ignore le coût du projet et l’identité de l’intermédiaire. Le professeur Khalil Elahee ne disait-il pas qu’« il y aura toujours quelques-uns qui brandiront le spectre d’un black-out dans la fourniture électrique et d’autres, quelques fois des intermédiaires et courtiers, qui proposeront des solutions en voulant à tout prix que nous achetions leurs moteurs ou turbines ? » 

Les promesses…

Rappelons-nous des belles envolées sur la nécessité de la transition énergétique, notamment lors du discours-programme lu par le Président de la République Dharam Gokhool le 24 janvier 2025 :- “The development of the local renewable energy sector will be a key component of Government’s endeavour to usher in transformative new sectors while aiming at making of Mauritius a green economy. Government will accelerate the development of the renewable energy sector to achieve greater energy security.”

Chasse aux gaspis ?

Le gouvernement n’a pas vraiment lancé un appel à la sobriété énergétique. Et encore moins pris de décisions courageuses visant à obliger les ménages et surtout les commerces ‘électro-intensives’ à réduire leur consommation. Les autorités préfèrent le ‘moral suasion’ à la Sithanen. L’internaute Chant du Cygne commentait ainsi sur Le Défi et l’express : « Commencez par éteindre les grands buildings, les monuments à partir de minuit. Aussi mettre des timers dans les bureaux qui parfois restent allumés toute la nuit. Diminuer l’intensité des lumières dans les vitrines. Réduire l’éclairage inutile des stations de trains et dans les écoles et les collèges où des lumières restent allumées tout un week-end ! » Ni ce gouvernement ni le précédent n’a donné le bon exemple en éteignant les lumières pendant la journée (Voir photo.)


À Floréal, la lumière reste allumée 24h sur 24 sur l’arrêt d’autobus
 

L’internaute ‘fafa5067’ l’écrivait sur le site du Défi Média : « Quand on voit l’éclairage du fitness centre de Curepipe allumé jours et nuits et les weekends, l’éclairage du stade de football de Malherbe allumé toute la nuit, les enseignes de magasin dans les grands Mall allumées alors que les portes sont fermées et que plus un chat est présent, quand l’éclairage public est allumé pour rien dans certains quartiers et ils veulent que je fasse des économies moi !!! »