Les Mauriciens ordinaires subissent une forte augmentation des prix fonciers et cela malgré le fait que d’immenses terres agricoles sont sacrifiées annuellement. La population déclinante ne leur permet pas non plus de mieux vivre car le gouvernement leur impose désormais des concurrents étrangers
C’est la classe pauvre et la classe moyenne inférieure qui souffrent le plus du manque de logements. Pour la classe moyenne en général, l’acquisition d’un terrain pour construire une maison devient de plus en plus difficile. Un terrain de 140 toises au milieu d’un champ de cannes pas très loin d’un dépotoir est vendu à, tenez-vous bien, un million de roupies. Et il y a l’électricité, l’eau courante à installer et parfois une route d’accès à aménager…
Et il n’est pas question pour ces Mauriciens ordinaires de rêver d’un terrain bien situé vu la concurrence venant des riches étrangers qui préfèrent et obtiennent les meilleurs sites et où le climat est doux. Et ils ont le moyen de payer le prix.
Pourtant, avec 630 habitants par kilomètre carré, Maurice figure à la 18e place sur 232 des territoires les plus densément peuplés du monde. Malgré cette situation, la politique de l’ancien et de ce gouvernement encourage l’immigration de riches étrangers qui achèteront bien sûr de grands terrains ou de grandes villas se trouvant sur un immense terrain avec parfois des parcours de golf et autres piscines et jardins.  
Foreigners first chez EDB
Il existe pour eux plusieurs programmes tels les IRS, PDS, RES et autres Smart Cities. Ces étrangers sont non seulement autorisés à acquérir des propriétés foncières à Maurice mais sont encouragés à le faire grâce à de nombreuses exonérations fiscales et autres incitations uniques au monde qui leur sont accordées ainsi qu’aux promoteurs parfois étrangers eux-mêmes. De plus, il n’y a presque plus de restrictions pour les gros promoteurs à convertir des terrains agricoles en terrains constructibles et cela, sans payer la Land Conversion Tax.
Les étrangers sont d’autant plus motivés qu’ils peuvent obtenir la nationalité mauricienne en retour de l’acquisition d’un bien foncier. Plus important, leurs demandes sont traitées avec célérité par L’Economic Development Board (EDB) qui met à leur disposition un guichet unique. À contraster avec le traitement réservé aux petits Mauriciens pour lesquels les démarches pour obtenir les services et les permis nécessaires relèvent d’un véritable parcours de combattant !
Malheureusement, le département des statistiques ne fournit pas le nombre d’étrangers qui se sont installés à Maurice ni des Mauriciens qui ont émigré, données pourtant vitales.
Bâtiments vides malgré une forte demande
Selon le recensement de 2022, il y avait à cette date 57 500 logements inoccupés, soit 14% des logements. Alors qu’ils n’étaient que de 28 000 en 2011 ! On ignore le nombre de personnes par logement. Cela nous aurait permis de découvrir combien de maisons et autres bâtiments sont sur- ou sous-occupés à Maurice. Aussi, l’enlèvement de la taxe immobilière a permis à beaucoup de riches Mauriciens et expatriés d’avoir de grandes maisons et d’en avoir 2, 3 ou même 4 qui restent inoccupées la majeure partie de l’année. Alors que d’autres n’en possèdent pas une seule !
Résultat, même les couples de la classe moyenne doivent se rabattre sur les logements sociaux, bien qu’ils préféreraient une maison avec un parterre. Et devant le retard mis par le gouvernement à livrer les logements sociaux – 38 sur 8 000 livrés lors du dernier mandat selon Shakeel Mohamed- ces jeunes couples doivent se résoudre à rechercher des maisons à louer. Or, le prix a tendance à augmenter dernièrement en raison de la forte demande. Pour une maison offerte en location sur Facebook, 130 demandes ont été reçues alors qu’une demande de maison à louer reste la plupart du temps sans réponse.
Travailleurs étrangers
Et que dire de la demande venant des travailleurs étrangers, autres sérieux concurrents pour les logements ! De plus en plus, les propriétaires préfèrent louer trois chambres à trois travailleurs étrangers à Rs 8 000 chacune, soit Rs 24 000 en tout, que de louer les trois chambres à une seule famille mauricienne pour Rs 10 000. Il semble qu’il y ait au moins 50 000 travailleurs étrangers et étudiants/travailleurs à Maurice, mais le chiffre serait beaucoup plus élevé et leurs demandes de logement, conséquentes.
Au final, notre belle ile est devenue un pays où il existe d’un côté les riches étrangers qui sont royalement traités et sont confortablement installés, au milieu, la classe moyenne relativement bien lotie, et de l’autre côté les pauvres et les travailleurs étrangers qui s’entassent dans les logements sociaux ou dans des appartements loués parfois avec les commodités partagées. N’est-ce pas Rezistans ek Alternativ qui parlait de ghettoïsation de notre pays ?